« Parasite », film de Bong Jooon Ho, Palme d’Or au Festival de Cannes 2019, ressort en salles après avoir reçu l’Oscar du meilleur film à Hollywood.
La famille Ki, père, mère, fils et fille, vit dans un logement insalubre en demi sous-sol . Le fils a l’opportunité de donner des cours d’anglais à la fille de la famille Park, qui avec son frère, sa mère et son père habite une villa luxueuse en surplomb d’une ruelle tranquille.
Toutes les ruses et tous les coups seront permis pour faire recruter la sœur comme soi-disant art-thérapeute, le père comme chauffeur et la mère comme gouvernante en évinçant les titulaires. La famille Ki a pris possession de la maison Park.
Sauf que… la maison Park a elle-même son profond sous-sol, obscur comme un bunker, ignoré de ses propriétaires, sauf peut-être du fils qui, un jour, a vu surgir un fantôme et en est resté traumatisé. Les Ki, venus des bas-fonds de la ville, vont se trouver confrontés à une réalité encore plus basse que la leur. La première partie du film avait la tonalité d’une comédie cynique. La seconde tourne au thriller.
Beaucoup de commentateurs ont souligné la problématique de classes de ce film : ceux d’en bas n’ont de cesse de prendre la place de ceux s’en haut, et bien sûr ils ne peuvent y parvenir. Il y a bien sûr beaucoup de cela dans ce film, ne serait-ce que par la construction des images selon un axe bas-haut. La préoccupation permanente de la famille Ki est de savoir s’ils se coulent bien dans le paysage de la famille Park.
On peut penser qu’ils s’y coulent trop bien. Ils utilisent si bien les codes de la haute société, leur vocabulaire est tellement riche, ils se jouent si facilement de la naïveté des grands-bourgeois que leur situation de prolétaires devient inexplicable.
Il reste donc un doute sur la plausibilité du scénario. Mais sans doute n’est-ce pas la préoccupation du metteur en scène, qui nous offre une fable déjantée et magnifiquement construite. « Parasite » mérite largement les distinctions qui lui ont été attribuées.