Dans « patients », Grand Corps Malade et Mehdi Idir racontent le séjour en centre de rééducation d’un jeune sportif accidenté.
J’avais aimé le récit par Grand Corps Malade (Fabien Marsaud) de son séjour de six mois dans un centre de rééducation, à la suite d’un accident de piscine. Dans le film qu’il a réalisé avec Mehdi Idir, on retrouve tous les ingrédients qui avaient fait du livre un hymne à la rage de vivre, à l’amitié, à la solidarité et aussi au professionnalisme des soignants.
Les premiers plans du film placent le spectateur dans la position de celui qui sort du coma et se trouve cloué au lit dans une chambre d’hôpital, avec pour seule vue un plafond, et parfois des visages qui se penchent. Il a un nom : Ben (Pablo Pauly). Nous découvrons son identité dans un scène hilarante dans laquelle Jean-Marie (Alan Ivanov), un aide-soignant qui ne parle à ses patients qu’à la troisième personne, ouvre les volets de la chambre qu’il occupe désormais au centre de rééducation.
L’affiche du film dit bien de quoi il s’agit : s’habiller, marcher, toucher, se lever… attendre, se vanner, aimer, résister…Ce qui permet à Ben de ne pas plonger dans le désespoir, ce sont les minuscules progrès qu’il arrive, jour après jour, à arracher au sort à force de verticalisation, de barres parallèles et d’exercices en piscine. C’est surtout l’amitié qu’il noue avec des compagnons d’infortune, Farid (Soufiane Guerrab), Toussaint (Moussa Mansaly) et Steve (Franck Falize). Il y a enfin la relation chargée de sensualité paralysée avec la belle Samia (Nailia Harzoune) : quel avenir peut-il exister après la rééducation ?
Dans le centre, tout est adapté au handicap : les couverts à table, le téléphone, les plans inclinés… Même l’espoir. C’est le sens de ce slam de Grand Corps Malade, qui conclut le film :
« Y’avait sûrement plusieurs options mais finalement on a opté pour accepter cette position
Trouver un espoir adapté
Alors on va relever les yeux, quand nos regrets prendront la fuite
On se fixera des objectifs à mobilité réduite
Là-bas au bout des couloirs, il y aura de la lumière à capter
On va tenter d’aller la voir avec un espoir adapté (…)
Un espoir adapté c’est faire le deuil de tous les autres
Sourire encore ne serait-ce qu’en hommage à tous les nôtres
Ceux qui étaient là, qui m’ont porté au propre comme au figuré
Ceux qui ont adapté leurs vies pour rendre la mienne moins compliquée. »
« Patients » est un beau film respectueux des êtres souffrants et admiratif pour ceux qui les aident à résister. Les comédiens sont remarquables. La mise en scène est talentueuse (j’ai particulièrement apprécié les fondus-enchaînés présentant en un seul plan différents moments de la vie de Ben). Un film à voir.