Pentagon Papers, film de Steven Spielberg avec Meryl Streep et Tom Hanks dans les rôles principaux, narre un événement marquant pour la liberté de la presse aux États-Unis.
En 1971, l’Amérique est engluée depuis des années dans la guerre du Vietnam. Le Secrétaire d’État Robert Mc Namara continue, face aux micros et aux caméras, à affirmer que la situation évolue favorablement. En privé, il avoue qu’il croit le contraire. Pour l’histoire, il fait réaliser un rapport qui montre comment, du président Truman au président Nixon, la croyance aveugle en des préjugés idéologiques (la théorie des dominos) et l’impossibilité de reconnaître ses erreurs a conduit à un gigantesque fiasco.
Le problème est qu’un lanceur d’alerte, Daniel Ellsberg (Matthew Rhys) livre au New-York Times une partie de ces documents, classés secret-défense. Une bataille juridique s’engage entre le journal et les avocats de Nixon qui veulent le faire condamner pour atteinte à la sécurité nationale.
À Washington, Katharine Green (Meryl Streep) se bat pour la survie du journal The Washington Post, dont elle a hérité de la propriété et de la direction à la suite du décès prématuré de son mari. Elle n’a jamais exercé de fonction de direction ; elle est une femme dans un milieu contrôlé par les hommes.
Lorsque sort la révélation des Pentagon Papers dans The New York Times, le Washington Post est en pleine introduction en Bourse. C’est le pire moment : les investisseurs peuvent déserter sans préavis s’ils se rendent compte que le Goliath gouvernemental veut la peau du David médiatique.
Le directeur de la rédaction, Ben Bradlee (Tom Hanks) presse Katharine de tenter de mettre la main sur les Pentagon Papers et de les publier, malgré la menace de poursuites pénales. Katharine hésite : publier, ce serait s’exposer à des risques considérables ; ce serait aussi rompre son amitié ancienne avec Mc Namara. Mais ne pas publier, ce serait le contraire de l’esprit de liberté et de qualité qu’elle entend insuffler à son journal.
Une bataille s’engage, jusque devant la Cour Suprême. Bien vite, ce n’est plus l’avenir d’un journal de province qui est en jeu, mais la liberté de la presse : celle-ci est-elle au service des gouvernés ou des gouvernants ?
Le film de Steven Spielberg est mené sur un rythme haletant, porté par des comédiens exceptionnels. Dans « les heures sombres », on voyait comment il s’en était fallu de peu pour que l’Angleterre cherche un compromis avec Hitler et Mussolini, et combien Churchill avait douté ; dans « Pentagon Papers », c’est la liberté de la presse qui aurait pris un coup terrible si une femme de caractère, surmontant ses doutes, n’avait décidé de courir le risque de la faillite et de la prison. Sur le plan historique, le film documente une période que décrit de manière précise Barbara Tuchman dans son livre « The March of Folly ».