Petit Pays

Canal+ a récemment diffusé « Petit pays », film réalisé par Éric Barbier en 2019 dont l’action se situe au Burundi et au Rwanda en 1993-1994 et dont les personnages principaux sont des enfants.

Gaby (Djibril Vancopenolle) et Ana (Dayla De Medina) ont environ 12 et 8 ans. Ils habitent Bujumbura avec leur père Michel (Jean-Paul Rouve) et leur mère Yvonne (Isabelle Kabano), dans une maison protégée par des murs élevés et un portail en acier. La famille a des domestiques que l’on tutoie et à qui on ne dit ni « s’il-te-plait » ni « merci ».

Ils mènent une vie heureuse jusqu’à ce que se brise le couple de leurs parents. Yvonne, Rwandaise d’origine, a cru tirer le gros lot en épousant un « muzungu », un blanc. Elle rêve de vivre à Paris. La vie au Burundi aux côtés d’un homme tout entier consacré à son activité d’entrepreneur en bâtiment la dégoûte.

Gaby retrouve sa bande d’amis dans un Combi Volkswagen abandonné sur un terrain vague. Au cœur des conversations se trouve la question « qui es-tu ? ». Le père est européen ; la mère, étrangère et Tutsi. Qu’est-ce qui différencie un Hutu d’un Tutsi ? La forme de leur nez ?

À la déflagration du couple de leur famille, s’ajoute celle du Burundi, aux prises à un coup d’État qui renverse le président récemment élu. La nuit, on entend des coups de feu, on dort sur les matelas rassemblés dans un couloir, loin des fenêtres. Dans les rues, les milices arrêtent et tuent.

Au Rwanda voisin, les massacres de Tutsis commencent. La famille d’Yvonne, qui vient de célébrer dans la joie un mariage, est en première ligne. Yvonne, témoin des horreurs, devient folle. Elle revient se terrer dans la maison de Michel et des enfants.

Il y a deux scènes insoutenables dans le film. Ana est contrainte par sa mère à chanter avec elle une ritournelle que celle-ci ne cesse de fredonner et qui parle de ses sœurs assassinées. Gaby est contraint par des émeutiers à participer à un lynchage : un homme a été attaché dans une voiture aspergée d’essence. L’enfant doit y mettre le feu.

« Petit Pays » s’achève par la chanson de Gaël Faye, auteur du livre qui a inspiré le film. Voici un extrait des paroles :

Gahugu gatoyi
Gahugu kaniniya
Warapfunywe ntiwapfuye
Waragowe ntiwagoka
Gahugu gatoyi
Gahugu kaniniya

Petit bout d’Afrique perché en altitude
Je doute de mes amours, tu resteras ma certitude
Réputation recouverte d’un linceul
Petit pays, pendant trois mois, tout l’monde t’a laissé seul
J’avoue j’ai plaidé coupable de vous haïr
Quand tous les projecteurs étaient tournés vers le Zaïre
Il fallait reconstruire mon p’tit pays sur des ossements
Des fosses communes et puis nos cauchemars incessants

 

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