La Chaîne Arte vient de diffuser le magnifique documentaire consacré par Wim Wenders à la chorégraphe Pina Bausch, deux ans après sa mort survenue en 2009.
« Transhumances » avait consacré un article à ce film lors de sa sortie en salle. Le grand écran et la 3D convenaient à la scénographie de Pina Bausch, qui se déploie dans l’espace et construit des images sans cesse en mouvement. Revoir le film à la télévision m’a cependant procuré plaisir et émotion.
Je propose simplement au lecteur de s’attarder sur une photo. Dans un espace nu, bétonné, une jeune femme a perdu l’équilibre. Ce n’est pas de chute qu’il s’agit. Elle ne semble pas même saisie de vertige. Simplement, elle ne peut tenir debout dans cet univers déshumanisé.
Un homme essaie de la retenir. Il ne la recueille pas dans ses bras. Il tente de la pousser pour la remettre, malgré elle, en position verticale. On dirait même qu’il la repousse, mais ce mot serait trop fort : l’homme est concentré, sans brutalité.
Pour l’homme, la femme est comme un pantin articulé. On sent bien que sa tentative de la remettre d’aplomb par la force physique est sans espoir. Il faudrait la réveiller de son mauvais rêve, amener son esprit à l’état de conscience. Il faudrait la caresser, lui susurrer des mots doux. Il faudrait lui parler.
Pina Bausch, dans cette chorégraphie comme tant d’autres, met en scène des solitudes dans le monde moderne. Elle exprime par les corps en mouvement la difficulté des êtres, hommes et femmes, à se rejoindre et à communiquer.
Une réflexion sur « Pina, par Wim Wenders »