Dans « Planétarium », la réalisatrice Rébecca Zlotowski entraîne le spectateur dans un univers trouble dans lequel « on ne sait jamais ce qui est sur le point de changer ».
Dans les années trente, deux sœurs, Laura Barlow (Natalie Portman) et Kate (Lily-Rose Depp) se produisent à Paris dans un cabaret. Kate a un don de médium. Elle met en communication des personnes avec leurs proches décédés. Sa sœur lui sert d’impresario et de metteur en scène.
Un producteur de cinéma millionnaire, André Korben (Emmanuel Salinger), est fasciné par les deux femmes. Il demande à Kate des séances de spiritisme qui le reconnectent avec son père, un Polonais depuis longtemps disparu. Il propulse Laura dans une carrière cinématographique. Il est convaincu que l’une et l’autre peuvent l’aider à réaliser un projet inouï : imprimer sur de la pellicule, sans trucage ni effets spéciaux, l’apparition d’un fantôme.
Laura et Kate font bientôt partie de la maison de Korben. On y vit dans le luxe, dans l’excitation des plateaux de tournage, des caméras et des sunlights, dans l’insouciance du monde réel. Celui-ci pourtant se fait menaçant. Laura est accusée d’être « la pute du Juif ». Korben devient Korbinski, est déchu de la nationalité française, jugé, emprisonné, déporté.
Le spectateur est troublé par la communication avec les fantômes, que Kate finira par rejoindre par sa mort. Il est troublé par l’aveuglement de Korben, qui demeure d’un inébranlable optimise alors que son projet cinématographique est voué à l’échec et qu’il lui faudrait fuir le nazisme. Il est troublé par la relation ambigüe des sœurs Barlow entre elles et avec Korben.
Le scénario de « Planétarium » donne un sentiment de dispersion qui nuit à l’émotion. Mais le trouble qu’il insinue reste à l’esprit longtemps après la projection.