Le groupe de polyphonies corses U Celu a donné récemment un concert dans l’église de Carcans, en Gironde.
Carcans est un bourg de 1.500 habitants, dont la population est multipliée par trente en pleine saison touristique. Ce 25 octobre, les touristes sont partis. Il reste la population permanente et quelques bordelais venus pour le week-end. Plus de deux cents personnes sont venues écouter le groupe U Celu qui se produit en concert dans l’église. Ce n’est pas le public habituel des concerts dans les grandes villes, qui peut porter des jeans mais appartient sans équivoque à l’élite intellectuelle. Ce soir on croise des commerçants, des agriculteurs et des artisans, des chasseurs à la palombe, des pratiquants du bal des pompiers. Plusieurs fois, l’animateur du groupe U Celu remerciera la population de Carcans pour l’accueil chaleureux reçu dans les familles. C’est une vraie communauté qui est présente ce soir et vibre avec les chanteurs.
Le groupe U Celu est composé de six chanteurs, dont deux sont aussi des guitaristes de talent. Leur concert est structuré en trois parties. Les premiers chants sont des mélodies traditionnelles chantées à trois voix a capella, que des ethnologues ont notées auprès de bergers, les préservant ainsi de l’oubli. Le groupe interprète ensuite ses chansons écrites par l’un d’entre eux, aujourd’hui décédé, Dédé Nobili. Enfin, il fait chanter le public sur l’air populaire irlandais « un oranger » popularisé en France par Graeme Allright, et sur l’onde de cette mélodie improvise des variations polyphoniques.
Le groupe U Celu est enraciné dans la tradition corse, mais est ouvert à d’autres musiques du monde. Son interprétation polyphonique de la chanson consacrée par Jean Ferrat à Pablo Neruda est particulièrement émouvante.