Le Victoria & Albert Museum de Londres présente jusqu’au 15 janvier une exposition intitulée « Postmodernisme, style et subversion, 1970 – 1990 ».
Le postmodernisme est un mouvement esthétique qui s’est exprimé pendant les années soixante-dix et quatre-vingts dans de multiples disciplines telles que le design, la mode, l’architecture ou le spectacle. L’époque précédente avait cherché à clarifier et simplifier. Les postmodernistes au contraire voient la réalité comme dans un miroir brisé. Le futur qu’ils présentent n’est pas idéalisé, il ressemble parfois à un Apocalypse urbain, comme dans le film « Blade Runner » de Ridley Scott (1982). Ils ne tentent pas de réduire les contradictions, ils les recherchent : dans la colonnade de Hans Hollein pour la Biennale de Venise de 1980, les colonnes appartiennent à plusieurs époques et l’une d’entre elles est tronquée, mais à l’inverse du sens commun la partie manquante est la base. Ils aiment la complication : une simple desserte peut avoir deux pieds droits et un autre ondulant.
Las Vegas fut une source d’inspiration pour les postmodernistes : les enseignes lumineuses pour des marques commerciales côtoient des répliques de l’Opéra Garnier ou du Palais des doges. Dans le domaine du spectacle, l’heure était à l’exagération, au contraste des couleurs, à l’excentricité : le chanteur Klaus Nomi, avec son aspect lunaire, en était une parfaite illustration.
Le mouvement postmoderniste, principalement impulsé par des cabinets de design italiens installés en Italie et aux Etats-Unis, a fondé les critères esthétiques sur lesquels nous vivons encore largement aujourd’hui. Le Cirque du Soleil, qui commence comme chaque année sa saison au Royal Albert Hall de Londres, en est une illustration.
Illustration : reconstitution de la colonnade « Strada Novissima » de Hans Hollein à la Biennale de Venise, 1980