L’analyse des résultats de la circonscription « Europe du Nord » à l’élection présidentielle montre un fort taux d’abstention, un rapport de forces en faveur de la gauche, une concentration des voix sur les partis modérés et une attention plus grande qu’en France pour l’écologie.
L’organisation de onze circonscriptions regroupant les Français de l’étranger est une mesure positive du quinquennat qui s’achève. Plus d’un million de Français vivant hors des frontières sont inscrits sur les listes électorales de ces circonscriptions. Celle de l’Europe du Nord inclut le Royaume Uni et les pays nordiques. Elle compte 88.133 électeurs inscrits.
Le premier fait remarquable est l’importance de l’abstention : près de 68% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes pour le premier tour de la présidentielle le 22 avril. Une partie des électeurs vit loin des villes où le Consulat tient des bureaux de vote ; pour ceux qui vivent dans l’une de ces villes, Londres par exemple, les temps d’attente sont dissuasifs. Les électeurs pourront voter par Internet aux élections législatives. Il sera intéressant d’observer si la participation s’accroit.
Le rapport des forces est actuellement en faveur de la gauche. Si le président sortant obtient 33.3% des suffrages, l’addition des voix de Hollande, Joly et Mélenchon atteint 47%. Les expatriés se trouvent dans toutes les couches de la société qui les accueille, du serveur de restaurant au dirigeant de banque. Leurs opinions couvrent tout le spectre des positions politiques.
Les voix se concentrent sur les partis modérés. Nicolas Sarkozy (33.3% des voix) obtient proportionnellement 23% de plus de suffrages qu’en France ; François Hollande (32.4%), 13% de plus, François Bayrou (13.9%), 52% de plus. Au contraire, Marine Le Pen n’obtient que 3.3% des voix – près de six fois moins qu’en France – et Jean-Luc Mélanchon seulement 7.6% des voix – un tiers de moins qu’en France.
Une exception est constituée par le vote écologiste. Eva Joly obtient en Europe du Nord 7.1% des voix, trois fois plus que son score en France. Son origine norvégienne ne joue probablement qu’un rôle mineur dans ce phénomène. Plus déterminant est le fait que les Français d’Europe du Nord sont immergés dans des cultures plus sensibles aux préoccupations environnementales.
Photo « transhumances », Londres.