France TV slash propose jusqu’en janvier 2025 Prison[s], une remarquable série documentaire réalisée par Charlotte Lavocat sur la prison telle que la vivent des personnes détenues.
La série est construite en 5 films de 20 minutes, chacun autour d’une thématique : l’arrivée en prison et le choc carcéral, la détention des mineurs, la détention des femmes, l’unité psychiatrique et les peines alternatives à l’incarcération.
La parole est donnée à une personne, jeune homme ou jeune femme, qui est ou a été incarcéré(e) ou qui, dans le dernier film, a pu éviter la prison grâce à un travail d’intérêt général et un bracelet électronique.
Charlotte Lavocat a pu filmer librement dans quatre établissements pénitentiaires : Varennes le Grand, Aix Luynes, le Pontet et le quartier femmes de Bapaume. Des interventions de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, de Sylvain Lhuissier, créateur de l’agence du travail d’intérêt général ainsi que de Charline Becker et Laure Anelli, de l’Observatoire international des prisons, ponctuent chacun des films.
Dans le premier épisode, « Djimé et le quartier arrivants », deux surveillants, Arnaud et Hervé, s’emploient à rendre l’arrivée en détention moins traumatisante. « T’attends pas de péter une targette, que ça tourne en javel pour nous appeler », disent-ils à un nouvel arrivant. À la sortie du quartier arrivants, l’affectation des détenus est compliquée : toutes les cellules affichent complet, il faudra tirer des matelas au sol. « On pourrait mettre des hamacs, ça fait tendance » plaisantent les surveillants.
Le second épisode est intitulé « Jul et le quartier mineurs ». « Ce sont des gosses qui arrivent dans un état épouvantable. Ils ont eu une enfance fracassée », commente Dominique Simonnot. Jul, ancien détenu au quartier mineur, dit que quand on en sort, « on a la haine »
Le troisième épisode, « Aurélie et le quartier des femmes » met en évidence la difficulté de vivre sans cesse espionnées, privées de jardin secret et d’intimité. Le café partagé entre détenues permet de maintenir un peu de vie sociale, un espace où parler et rire.
Le quatrième épisode, « Cyril et l’unité sanitaire » s’intéresse au traitement des maladies psychiques en prison. On voit des hommes détenus négocier avec les infirmières le nombre de cachets de calmants qu’ils vont ingurgiter devant elles. Dominique Simonnot parle de « peines nosocomiales » : la plupart des détenus entrent en prison avec un trouble de la personnalité, mais l’enfermement lui-même rend fou. « J’ai passé tellement de temps en prison, raconte un détenu, que je ne peux pas vivre dehors. »
Enfin, le cinquième épisode, « Vincent et les peines alternatives » est consacré à la prise en charge, par le service pénitentiaire d’insertion et de probation de Créteil, de personnes sous main de justice en milieu ouvert. Vincent, 29 ans, témoigne que, grâce à un travail d’intérêt général dans le service à la personne, il a pu tourner le dos à sa carrière de délinquant.
L’objectif de Prison[s] était de « suivre le rythme de la prison, au jour le jour, sans fard ni artifice. La caméra est là pour observer la vie de la détention, ses moments, de calme, de tension ou d’attente. » Objectif atteint !