« Qu’Allah bénisse la France », film du rappeur Abd el Malik, raconte l’itinéraire très personnel d’un enfant de banlieue.
Dans une banlieue de Strasbourg, Régis (Marc Zinga), fils sans père d’une mère congolaise, mène une existence paradoxale. Au lycée, c’est un élève brillant, passionné de littérature, de philosophie et de poésie. Dans la rue, il est le chef d’une bande d’adolescents qu’il veut constituer en groupe de rap et dont il finance l’activité par un trafic de stupéfiants.
La drogue est une impasse, qui conduit à la prison, à l’overdose ou au suicide. Régis la fuit en embrassant la religion musulmane sous le nom d’Abd el Malik, avec l’enthousiasme et l’intolérance d’un néophyte. Est-il possible d’être musulman, musicien et français tout à la fois ?
C’est Nawel (Sabrina Ouazizi), la fille marocaine qu’il aime, qui lui ouvrira la voie de la réconciliation : le soufisme, une interprétation mystique de l’Islam. La religion n’exige de lui qu’il n’abandonne ni la musique, ni la poésie, ni son amour pour Nawel, ni son identité de jeune Français issu de l’immigration. Au contraire, toutes ces composantes de sa personnalité sont des chemins qui mènent à la connaissance de Dieu. « Qu’Allah bénisse la France », dit Régis Abd el Malik à la mairie, lors de son mariage avec Nawel.
Ce film, tourné en noir et blanc, donne une image sombre de la réalité de la banlieue, si profondément coupée des circuits économiques, du langage et des codes d’une société française qui peine à admettre les différences. Mais il est aussi profondément optimiste : musique et poésie ont le pouvoir de ré-enchanter un monde qui semble parfois damné.
La bande sonore est excellente et la chanson « soldats de plomb » d’Abd el Malik, émouvante.