La pianiste Elena Rozanova a donné un remarquable récital le 25 août dans le cadre du Festival Musical’ Océan de Lacanau.
« Transhumances » s’est plusieurs fois fait l’écho du festival de musique « Musical’ Océan » qui se déroule chaque année fin août à Lacanau Océan. C’était cette année la huitième édition.
Le récital de la pianiste Elena Rozanova, qui est née en Crimée, s’est formée à Moscou, mène une carrière internationale et parle le français sans accent, fut exceptionnel. L’interprète joue de mémoire, sans partition. Entre ses mains, le piano constitue un orchestre complet. Elle nous rappelle qu’il s’agit d’un instrument à percussion : par moments, elle frappe les touches avec une force qu’on ne soupçonne pas de ses mains fines ; parfois au contraire, c’est un son délicat, caressant, subtil qui se dégage et l’on n’est pas très loin de l’esprit du violoncelle.
J’ai découvert grâce à elle « Tableaux d’une exposition » du compositeur russe Modeste Moussorgski (1839 – 1881). Il s’agit d’une série de dix pièces pour piano composées en 1874 à la mémoire du peintre Viktor Hartmann, son ami, décédé une année plus tôt. L’œuvre fut transcrite pour orchestre par Maurice Ravel en 1922.
La trame de cette œuvre est la visite d’une exposition d’œuvres de Hartmann. Le spectateur du concert est invité à suivre le compositeur d’une toile à l’autre et de partager ses émotions. Une « promenade » assure la transition d’une pièce de l’exposition à l’autre. Les tableaux transcrits dans le langage musical s’inspirent de thèmes disparates : un troubadour devant un vieux château Italien, une charrue à roue en Pologne, des enfants aux Tuileries ou des femmes sur un marché à Limoges, une isba mythologique montées sur des pattes de poule, un ballet de poussins dans leur coque…
La virtuosité de l’interprète trouve ici de quoi s’épanouir, de la frénésie à la méditation, de l’anxiété à la joie sereine. J’ai trouvé bouleversante la pièce intitulée « il vecchio castello », empreinte d’une profonde mélancolie.