France 5 a récemment diffusé un documentaire de Dick Bower intitulé « Richard III, la fin d’une énigme ».
En 2012, des archéologues de Leicester (ville à l’est de Birmingham, en Angleterre) entreprirent des fouilles sous un parking, à la recherche de la dépouille de Richard III. Le dernier des Plantagenêt mourut en 1485 pendant la bataille de Bosworth. La légende, confortée par la pièce Richard III de Shakespeare, en fait un être disgracieux et un tyran fourbe et cruel.
Servis par la chance, les archéologues découvrirent le squelette d’un homme atteint, comme le roi, par une forte scoliose. Il s’agissait de l’authentifier de manière certaine. On passa le squelette au scanner dans l’hôpital de la ville. À partir de l’image en 3 D du crâne, on reconstruisit virtuellement les muscles et la peau du visage, et l’on constata une ressemblance frappante avec un portrait d’époque du souverain. Enfin et surtout, on retrouva la même séquence ADN chez un ébéniste londonien descendant d’une sœur de Richard III, après dix-sept générations.
Cette prouesse scientifique attira l’attention des médias du monde entier. L’engouement permit la création d’un Richard III Centre à Leicester, ouvert en 2014 au prix d’un investissement de 4 millions de sterlings. On attend 100 000 visiteurs par an.
Il y a quelque chose d’impudique dans l’exhumation du roi au parking. Dans l’exposition de son squelette torturé, imprégné de terre. Dans le nettoyage de chacun de ses os, dans leur réassemblage patient. Dans l’introduction du squelette dans le tunnel du scanner, comme s’il s’agissait d’un vivant. Dans les Power-Points projetés aux conférences de presse, où chaque centimètre carré du crâne était analysé pour montrer quels impacts avaient eu raison de la vie du souverain.
Je me suis moi-même trouvé, devant l’écran de télévision, dans la position du voyeur. L’exhumation de Richard III ne répond à aucune question historique. Ce sont les prouesses de la science que montre le reportage. Il permet surtout au téléspectateur que je suis de participer, en tout bien et tout honneur, à une profanation.
En 2015, le roi Richard III a été inhumé de nouveau en grande pompe et avec un grand concours de foule dans un sobre caveau construit dans la cathédrale. Paix à son âme.