Le quatorzième Colloque Risques Pays de Coface s’est déroulé au Carrousel du Louvre le 18 janvier. Je fais part ici de mes étonnements.
J’ai participé à la création du Colloque Risques Pays de Coface en 1997 et j’ai eu la chance d’assister à cette conférence chaque année. Je l’ai vu grandir jusqu’à déborder la capacité du plus grand amphithéâtre du CNIT à La Défense. Depuis l’an dernier, c’est le Carrousel du Louvre qui accueille la manifestation. Le public est disposé le long et au bout d’une passerelle qui sert souvent aux défilés de mode. Il s’en dégage une impression de convivialité bien que, pour leur confort, les spectateurs regardent davantage les écrans géants que les intervenants sur scène. J’ai été étonné par une innovation technologique : le texte des interventions s’inscrivait en bas des écrans avec à peine quelques secondes de décalage. Je suis resté admiratif de la dextérité de la personne au clavier et de l’efficacité de son logiciel.
J’ai été étonné par le pessimisme de Dean Baker, du Centre de Recherche Economique et Politique de Washington, sur l’économie américaine. Il pense que les prix de l’immobilier vont repartir à la baisse jusqu’à atteindre leur niveau d’équilibre à long terme, que le taux d’épargne va s’accroître et que le moteur de la consommation va faire défaut.
J’ai été séduit par la démarche intellectuelle proposée par Patrick Artus, le Directeur des Etudes et de la Recherche de Natixis. Son objectif est de calculer le déficit budgétaire maximum qu’un pays donné peut se permettre. Il résulte du produit du degré d’endettement public par l’indice de croissance de long terme en valeur. Ce dernier se définit comme la somme de la croissance de la productivité observée au cours des dernières années, de la croissance estimée de la population au cours des prochaines années et du taux d’inflation. Pour la France, l’indice de croissance de long terme est de 2.91%, résultant d’une croissance de la productivité de 1,21%, d’une décroissance de la population active de -0.32%, et d’un effet prix de 2.02%. Appliqué au pourcentage de la dette publique dans le produit intérieur brut, 78%, le taux de croissance de long terme de 2.91% donne un déficit public maximum de 2.27%. Les valeurs extrêmes sont le Japon qui, avec -0.14%, ne pourrait selon le modèle se permettre aucun déficit, et l’Inde qui, avec +13,65%, dispose d’amples marges de manœuvre. Patrick Artus s’étonne de ce que le marché des Credit Default Swaps, qui couvrent le risque d’insolvabilité des Etats, ne sanctionnent pas le Japon ou la Grande Bretagne, dont le déficit public est bien supérieur au maximum théorique.
J’ai été étonné par les bonnes nouvelles en provenance de la Turquie, dont le Colloque a traité dans la partie consacrée à l’Europe Centrale. Son endettement public est passé de près de 100% en 2002 à moins de 50% en 2007 et n’a pratiquement pas bougé pendant la crise économique mondiale.
J’ai aimé la méthode de Stephen Green, économiste de la Standard Chartered Bank à Shanghai pour mesurer la marche réelle de l’économie chinoise, sachant que la statistique officielle du PNB est sujette à caution. Il prend en compte plusieurs indices, dont les mouvements de fret, les mouvements de conteneurs ou les stocks de produits finis.
Enfin, je n’ai pas aimé du tout le mot lancé par le Financial Times pour caractériser les pays européens plus touchés par la crise, les PIGS : Portugal, Ireland, Greece, Spain !
Les présentations faites au Colloque Risque Pays de Coface se trouvent à l’adresse suivante : http://www.risque-pays.coface.fr/fr/le-colloque/les-thematiques
(Photo : l’immeuble de Coface à La Défense)