Arte a récemment diffusé un touchant documentaire de Julie Cazenave : « Sandrine Bonnaire, actrice de sa vie ».
Deux mots-clés se dégagent de cette heure d’images d’archives, de séquences de films, d’interviews et de scènes de la vie actuelle de Sandrine Bonnaire : « Regard » et « Famille ».
Lorsqu’elle était petite fille, septième enfant d’une fratrie de onze, Sandrine était une extravertie cherchant à sortir de l’anonymat et à se faire remarquer. Devenue une star de cinéma, elle a plus qu’atteint son objectif : elle draine le regard de millions de spectateurs. Mais c’est une star à part. Elle accepte les rides et le vieillissement. Elle ne vit pas du mythe de la jeunesse éternelle. Comme le dit le tire du documentaire de Julie Cazenave, elle est actrice de sa vie.
Sandrine Bonnaire aime qu’on la regarde. Comme elle le dit elle-même, elle a la capacité de prendre, elle est en mesure de saisir toutes les opportunités que la vie lui offre. Le regard des autres en fait partie. Mais ce que les autres voient en Sandrine, c’est d’abord un regard authentique, un regard qui ne dissimule pas, un regard capable d’exprimer les sentiments les plus vrais et les plus extrêmes. Rien d’étonnant dès lors qu’elle soit passé du rôle d’actrice, celle qui regarde, au rôle de réalisatrice, celle dont le regard dirige les acteurs.
Le second mot clé du documentaire est « famille ». Sandrine Bonnaire dit que son histoire personnelle est le terreau qui nourrit son travail de création comme réalisatrice. Le film « Elle s’appelait Sabine » était consacré à l’une de ses sœurs, atteinte d’une maladie proche de l’autisme, que ses parents n’avaient pas su identifier à temps. Il montrait les ravages que peut provoquer le placement dans une institution inadaptée.
Dans « j’enrage de son absence », Sandrine Bonnaire dénoue les fils de l’existence de sa mère, qui a passionnément aimé un homme avant d’en épouser un autre. Une séquence touchante du documentaire montre Sandrine et sa mère assise sur un banc de la digue d’Houlgate. Sandrine dit de sa mère qu’elle a mené une « vie de merde », mais qu’elle en a fait quelque chose en allant de l’avant, jour après jour. Sa mère espère que le film que prépare sa fille permettra de montrer comment elle a résisté aux épreuves et de retrouver la cohérence d’un long fil noué.