Sans toit ni loi

Arte TV a récemment diffusé « Sans toit ni loi », film réalisé par Agnès Varda en 1985 avec Sandrine Bonnaire dans le rôle principal.

 Une jeune femme (Sandrine Bonnaire) est trouvée morte dans un fossé. L’enquête conclut à une mort naturelle par hypothermie. Elle n’avait pas de papier. Elle passe du fossé à la fosse commune.

 Agnès Varda, elle-même narratrice du film, donne la parole à des témoins qui ont croisé la route de la jeune femme à un moment des derniers mois de sa vie. Elle s’appelait Simone Bergeron, et se présente comme Mona. On sait qu’elle a été secrétaire, qu’elle a mené une vie bien rangée. On ignore ce qui a provoqué la rupture avec la vie d’avant, le choix d’une vie d’errance, de froid, de faim, d’ignorance du lendemain.

Il lui arrive de mener la vie de château, entendons-nous : un squat avec un compagnon de dérive dans une pièce d’un manoir déserté. Elle est accueillie plusieurs mois par un couple d’éleveurs de chèvres, dont l’homme a autrefois fait la route, comme elle ; mais elle ne peut se résoudre à travailler la terre, l’appel de la route est trop fort.

 Mona plante sa tente près d’un cimetière, est tolérée dans un garage, passe la nuit sur un banc de gare. Elle travaille la vigne aux côtés d’un ouvrier marocain, mais doit partir lorsque reviennent d’autres hommes partis en vacances au bled.

 Mona suscite le désir des hommes. Elle se fait violer. « Tu es sale au fond de toi », dit-elle au garagiste qui pose ses mains sur elle.

 Elle fascine une universitaire spécialiste de la maladie des platanes, Mme Landier (Macha Méril). Sa liberté, son insolence, sa capacité à vivre une relation d’amour avec des hommes de passage font envie à une employée de maison, Yolande (Yolande Moreau). Celle-ci la présente à sa patronne, Lydie, une vieille dame que son neveu considère comme une démente sénile bonne pour la maison de retraite : Mona passera avec elle un irrésistible moment d’ivrognerie et de bonheur. Un bonheur éphémère, quasiment annonciateur du désastre final, pour la vieille dame et pour elle.

 « Sans toit ni loi » reste l’un des meilleurs films d’Agnès Varda. Du point de vue cinématographique, il est ponctué par de longs travellings parcourant un paysage banal, insignifiant. Une manière de symboliser l’errance de Mona, jusqu’à la mort. La bande sonore de Joanna Bruzdowicz contribue à créer l’ambiance lourde du film.

 

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