L’album « Sarah Bernhardt » dans la série des Lucky Luke (1982) est une réjouissante adaptation du récit que fit la comédienne de sa première tournée aux Etats-Unis dans son autobiographie « ma double vie ».
Du à Morris et aux scénaristes X. Fauche et J. Léturgie, cette bande dessinée pas comme les autres imagine que le président des Etats-Unis charge le cow-boy solitaire d’assurer la sécurité de Sarah Bernhardt pendant sa tournée américaine de 1880 – 1881.
Sarah Bernhardt était déjà célèbre à Londres. Son arrivée à New York par le paquebot « Amérique » fut saluée par une foule immense, mais divisée : les uns saluaient l’ambassadrice de la culture européenne ; les autres manifestaient contre la contamination de la société par la courtisane européenne. Autant dire que la tâche de Lucky Luke était ardue : de wagon détaché à bateau coulé jusqu’à une attaque d’Indiens en bonne et due forme, rien ne fut épargné à la comédienne toujours élégante et ingénue, parfois irritée ou pâmée !
Le scénario s’inspire librement d’épisodes relatés par Sarah dans son autobiographie, en particulier celui où un marchand de corsets particulièrement avisé la fit poser sur le dos d’une baleine échouée à Boston, et utilisa son image, à son grand désespoir, pour promouvoir des baleines de corset.
Ce qui est étonnant dans la véritable tournée triomphale de Sarah Bernhardt est simplement le fait qu’elle ait pu avoir lieu. Au long de sept mois, elle visita cinquante villes et donna 156 représentations de pièces d’auteurs français, en langue française ! Les spectacles eurent lieu dans des grandes villes telles que New-York, Chicago, Pittsburg ou Washington, mais aussi à Rochester, Utica, Syracuse, Albany, Troy, Worcester, Providence ou Newark. On imagine mal aujourd’hui une troupe de théâtre française se produire dans l’Amérique profonde.
Lucky Luke raconte le mythe américain raconté depuis la culture française. Sarah Bernhardt, il y a plus de 130 ans, amena la culture française au cœur de l’Amérique.