Sauver Notre-Dame

France 2 a récemment diffusé un fascinant reportage de Quentin Domart et Charlène Gravel sur le chantier de sauvetage de la cathédrale Notre-Dame de Paris dans les semaines et les mois qui ont suivi son incendie, le 15 avril 2019.

L’incendie a détruit la flèche de la Cathédrale qui, dans sa chute, a entraîné celle de la voûte du transept. Le gigantesque échafaudage qui entourait la flèche se trouvait torsadé, fragilisé, instable. Privées d’appui, leurs pierres rongées par les flammes, les voûtes menaçaient de s’effondrer. Démunis d’arcboutants efficaces, les murs pouvaient s’écrouler et, avec eux, les merveilleux vitraux.

C’est une véritable course contre la montre qui s’est engagée. Il s’agissait de prémunir l’édifice contre la pluie en déployant d’immenses bâches, d’étayer les murs porteurs par de spectaculaires structures en bois, d’équiper l’échafaudage naufragé de capteurs mesurant ses moindres déplacements et de l’entourer d’un corset l’immobilisant, de fabriquer puis de monter des charpentes soutenant les arcboutants, d’installer au sommet de l’édifice une plateforme à laquelle seraient arrimés les « cordistes » chargés de déblayer les voûtes, de décontaminer les gravats pollués par le plomb et de les évacuer

Des moyens énormes ont été immédiatement mobilisés. Moyens humains : architectes, cordistes, grutiers, enquêteurs, archéologues. Moyens techniques : charpentes fabriquées spécialement et calibrées au millimètre, grue de la hauteur d’un immeuble de 25 étages, robots pour ramasser les gravats dans la partie la plus dangereuse de l’édifice. Naturellement aussi, moyens financiers, dopés par l’affluence des promesses de dons.

Beaucoup de responsables d’équipes sont de tout jeunes hommes, architectes, grutiers, charpentiers, cordistes. Chacun de leurs gestes a été préalablement étudié, programmé, simulé au cours de réunions de travail rassemblant les corps de métier. Malgré leur expertise, malgré la lenteur de leurs mouvements, un accident est possible dans ce château de cartes qu’est devenue la cathédrale. Il n’est pas faux de dire qu’ils risquent leur vie. Et aussi leur réputation, si la cathédrale s’effondre.

Le reportage couvre la période de mai 2019 à mars 2020. Le chantier a été sans cesse perturbé : par une tempête, par la canicule, par les mesures de sécurité décidées pour éviter la contamination par le plomb. Et aujourd’hui par la pandémie, qui rendrait impossible le travail d’équipe au corps à corps qui constitue une condition de succès.

Les hommes qui participent au chantier, en en premier lieu l’architecte en chef de Notre-Dame, Philippe Villeneuve, sont habités par la force spirituelle de l’édifice qu’ils s’emploient à sauver de la ruine. Ils reconnaissent dans ce qu’ils sont en train de faire l’œuvre de leur vie. Ils se sentent les héritiers de compagnons qui, il y a sept siècles, sont parvenus à bâtir cette gigantesque merveille avec de simples cordes et poulies.

Pour moi qui suis sujet au vertige, le reportage « Sauver Notre-Dame » est proprement vertigineux. Des caméras ont été placées sur les casques d’ouvriers occupés à assembler, à 80 mètres d’altitude, le bras de la grue qui acheminera les étais d’arcboutants. Le spectateur reste accroché en suspension, à desceller des pierres branlantes et à les placer dans des sacs-téléphériques circulant par un réseau de câbles d’acier.

Le reportage de Quentin Domart et Charlène Gravel se termine sur une note optimiste. Notre-Dame est hors de danger. Reste maintenant à la reconstruire, lorsque l’épidémie de coronavirus aura suffisamment régressé pour permettre la reprise du chantier.

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