« Shakespeare in love », film de 1998, nous plonge dans le Londres élisabéthain. En panne d’inspiration, Shakespeare vit une passion amoureuse d’autant plus enflammée qu’elle est impossible. La violence de ses sentiments inspire Romeo et Juliette.
J’avais acheté dans un supermarché anglais le DVD de ce film peu après avoir vu Romeo et Juliette sur la scène du Globe, ce théâtre au bord de la Tamise construit en 1996 sur le modèle de ceux qui existaient du temps de la Reine Elizabeth. Une envie combinée de théâtre et de cinéma m’a amené à y consacrer une soirée.
« Shakespeare in love » a été réalisé par John Madden et écrit par Marc Norman et Tom Stoppard. A l’été 1593, William Shakespeare (Joseph Fiennes) a promis au directeur du Rose Theatre une comédie, « Roméo et Ethel, la fille du pirate ». Il est en proie au vertige de la page blanche. Lors du casting de cette pièce pas encore écrite, un jeune comédien du nom de Thomas Kent suscite l’enthousiasme du dramaturge et emporte le rôle.
Mais Thomas n’est pas celui qu’il prétend être. Il s’agit d’une jeune femme, Viola de Lesseps (Gwyneth Paltrow). Puisque les femmes n’ont pas le droit de jouer au théâtre sous peine de délit d’indécence, puisque les rôles féminins sont joués par des adolescents impubères, Viola assouvit sa passion pour le théâtre en se déguisant en homme et en revendiquant un rôle masculin.
Entre William et Viola, c’est l’amour à première vue, fusionnel, charnel, poétique et épique à la fois. Mais c’est un amour impossible : William est marié bien que séparé ; Viola, fille d’un riche commerçant, est promise au duc de Wessex (Colin Firth) qui entend rétablir la fortune de sa famille. L’histoire de cet amour brûlant et dramatique inspire William : la comédie se change en tragédie, Ethel se mue en Juliette.
Le jour de ses noces avec Wessex, Viola court vers le théâtre et remplace au pied levé l’acteur qui devait jouer Juliette. La Reine Elizabeth (Judi Dench), passionnée de théâtre, assiste incognito à la première de Romeo et Juliette. Elle exonère William de la faute d’avoir engagé une femme parmi ses acteurs, mais enjoint à Viola de partir avec son mari, qui doit embarquer pour l’Amérique. Les deux amants se séparent. Viola restera vivante pour William : elle sera l’héroïne de sa prochaine pièce, La Nuit des Rois.
Cette comédie romantique à grand spectacle est remarquable par la reconstitution du monde des comédiens à Londres à la fin du seizième siècle, par l’intrusion constante de l’œuvre de Shakespeare dans le scénario et par le jeu des acteurs.