L’ATIGIP, Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle au sein du ministère de la Justice a publié en décembre 2022 une étude des impacts économiques de la réinsertion professionnelle et de la récidive des sortants de prison. Cette étude a été réalisée par Koreis, cabinet de conseil et de recherche en impact social.
L’ATIGIP a été créée en décembre 2018 pour gérer le travail d’intérêt général, une peine alternative à la prison, et pour développer le travail en prison. Elle gère directement 48 des 600 ateliers présents dans les établissements pénitentiaires et s’efforce de convaincre des entreprises de s’y implanter. Son objectif : « réparer le passé, préparer l’avenir ».
La mesure de l’impact – notamment financier – de l’action d’une organisation dépendant de l’allocation de fonds publics ou privés prend une importance croissante. Pour l’ATIGIP, la question se posait de connaître le volume de dépenses actuellement engagées par l’État en vue de la réinsertion professionnelle des personnes détenues dans les douze mois de leur sortie de prison, ou bien à cause de leur récidive.
En voici le résultat : ce seraient 1,4 milliards d’euros que l’État dépenserait chaque année pour réinsérer d’anciens détenus dans les douze mois suivant leur libération, ou bien parce qu’ils ont récidivé. Il s’agit de 550m€ pour la réinsertion (essentiellement des allocations telles que le RSA) et de 850m€ pour la récidive (essentiellement le coût du réemprisonnement ou de peines alternatives). L’ATIGIP, en facilitant l’employabilité des personnes sorties de prison, contribuerait à réduire ce fardeau financier.
Ces chiffres sont produits par l’accumulation d’hypothèses fondées sur les comportements de la population générale ou des études réalisées à l’étranger. Aucune étude de terrain n’est en effet disponible sur ce qui se passe pour les personnes sortant de prison en France, en matière d’emploi ou de bénéfice des allocations.
Le rapport constitue une mine de chiffres. On y apprend que 65% des entrants en prison sont sans emploi, que 52% d’entre eux n’ont aucun diplôme et que seuls 10% sont titulaires du baccalauréat. Lorsqu’ils sortent de prison, 16% des détenus ne disposent que d’un logement précaire.
Autres chiffres glanés dans le rapport : une journée de prison coûte 99€, une semi-liberté 50€, un travail d’intérêt général (TIG) 5€, une surveillance électronique 12€, un placement à l’extérieur 31€.
Le rapport relève « la stigmatisation des détenus au sein de la société civile, des collectivités et des entreprises, conduisant souvent à des comportements et décisions défavorables à leur endroit à l’issue de la détention. » Il note aussi « une perception de soi dégradée par les détenus eux-mêmes, constituant un frein à leur parcours de réinsertion. »