Spinoza à Amsterdam

Près de la place du marché et de la synagogue portugaise d’Amsterdam, en bordure d’un canal, s’élève une statue du philosophe Baruch Spinoza (1632-1677), qui naquit en cet endroit d’une famille de Juifs réfugiés du Portugal.

Le monument est l’œuvre de Nicolas Dings. La plaque commémorative indique qu’il se compose d’une plate-forme sur laquelle se dresse la figure en bronze de Spinoza et un polyèdre à vingt faces de granit poli, se référant à l’aiguisement de l’esprit. Les oiseaux sur le manteau, dans lesquels des perruches à collier de lieux lointains se mêlent aux moineaux indigènes, symbolisent la société multiculturelle d’Amsterdam.

On lit également que l’œuvre la plus importante de Spinoza est l’Éthique, dans laquelle il rejetait toutes les conceptions traditionnelles de Dieu et affirmait que le chaos apparent de la nature est gouverné par des lois naturelles immuables, qui s’appliquent aussi à l’homme et à la société. À l’aide des mathématiques, nous pouvons connaître ces lois et atteindre le bonheur en vivant en harmonie avec elles. Les idées de Spinoza sur la liberté de parole, la tolérance et la démocratie sont encore d’actualité. « Le but du gouvernement est la liberté » résume sa philosophie politique.

La statue de Spinoza se trouve à quelques centaines de mètres de la magnifique synagogue portugaise, dont le philosophe était contemporain puisqu’elle fut construite de 1671 à 1675 pour la très nombreuse communauté Juive installée à Amsterdam après avoir été expulsée du Portugal un siècle auparavant.

Baruch Spinoza ne put participer au culte dans la nouvelle synagogue. Il avait fait l’objet d’excommunication et d’anathème en 1656. Il s’était ensuite installé dans la région de Leyde, puis à La Haye, vivant de son activité d’artisan taillant des lentilles optiques pour lunettes et microscopes.

J’ai rendu compte dans « transhumances » du livre du psychiatre américain Irvin D. Yalom, « Le problème Spinoza », dans lequel il fait s’affronter Spinoza et l’idéologue du régime nazi Alfred Rosenberg. Pour ce dernier, il était inconcevable qu’un Juif, réputé membre d’une race inférieure, ait pu se hisser à un tel niveau d’intelligence.

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