Arte TV a récemment diffusé Sweet Sixteen, un film de Ken Loach (2002).
Liam (Martin Compston) s’est juré de faire du jour de son seizième anniversaire une grande date. Par chance, c’est aussi le jour où sa mère, condamnée pour toxicomanie, sortira de prison.
Liam veut aider sa mère à refaire sa vie, une vie saine, avec lui, sa sœur Chantelle (Anmarie Fulton) et le petit garçon que Chantelle élève seule, Calum. Il a même des visées sur un mobil home sur une falaise avec une vue fabuleuse sur la mer, idéal pour les piqueniques.
Pour réaliser son rêve, Liam a besoin de beaucoup d’argent. Avec son copain Pinball (William Ruane), il décide d’abandonner le minable trafic de cigarettes de contrebande auquel ils se livraient. Même si lui reste « clean », c’est dans le trafic de cocaïne qu’il entend se lancer. Une altercation avec un chef de bande le laisse sérieusement meurtri. Chantelle le soigne et tente de le dissuader.
Liam ne renonce pas. Il passe sous la coupe d’un gros bonnet de la drogue. Son gang approvisionne en shit tout le quartier sous le couvert de livraison de pizzas. Les conditions sont draconiennes. Il faut être prêt à tuer, à trahir ses amis. Liam y souscrit, tant son désir est fort de mener la vie de famille que les déchirements d’une existence de pauvre ne lui ont jamais donnée.
Liam n’imagine pas que sa mère puisse ne pas souscrire à son plan généreux. Il ne conçoit pas qu’elle puisse se remettre avec Stan, un homme drogué et violent. Le dernier plan du film est poignant. Liam est seul sur une grève inhospitalière, et de sa conversation téléphonique avec sa sœur on ne retient qu’un mot : « quel gâchis ! »
« Sweet Sixteen » est un film magnifique, joué par des acteurs extraordinaires, à commencer par Martin Compston dans le rôle de Liam. On finit par s’attacher à ces personnages, à les aimer, bien qu’ils apparaissent comme des asociaux grossiers et violents. Il n’y’a pas de misérabilisme dans le cinéma de Ken Loach : seulement de la vérité et de la dignité.
