Dans “Un paese di Calabria”, Shu Aiello et Catherine Catella racontent la renaissance d’un bourg de Calabre, Riace, grâce aux immigrants.
Riace, dans la province de Reggio di Calabria, est un bourg serré sur un escarpement de colline, à bonne distance de cette mer dont venaient les agresseurs. Il a été longtemps une terre d’émigration massive. Dans le film, une voix off raconte la fuite d’une femme et de son mari de la misère vers la France, vers n’importe où. Continuer la lecture de « Un paese di Calabria »
The Guardian a publié en décembre l’an dernier des planches de la dessinatrice Anne Booth. Intitulées « Refuge », elles présentent Marie, Joseph et Jésus comme des réfugiés cherchant à échapper à la tyrannie d’Hérode et qui dépendaient de la bienveillance d’étrangers.
Anne Booth a écrit son histoire pour lever des fonds pour des enfants qui s’enfuient de la guerre aujourd’hui. Le narrateur est l’âne qui porta Marie jusqu’à Bethleem, puis, avec dans les bras son bébé, jusqu’en Égypte, accompagnée par Joseph. Continuer la lecture de « Noël, la quête d’un refuge »
Le film « Le Havre » du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki (2011) sort actuellement sur les écrans londoniens.
Londres est présent en filigrane dans tout le film : c’est la destination que s’était fixé un groupe d’immigrants d’Afrique noire interceptés dans un conteneur par la police sur le port du Havre. Mais un adolescent, Idrissa (Blondin Miguel), parvient à s’enfuir. Il trouve refuge auprès de Marcel (André Wilms), un homme maintenant âgé qui a abandonné la vie d’écrivain bohême pour vivre auprès de sa femme Arletty (Kati Outinen) dans le dénuement mais entouré de gens qui l’aiment. Marcel, confronté à l’épreuve de l’hospitalisation d’Arletty, mobilise ses amis pour un objectif : permettre à Idrissa de rejoindre sa mère de l’autre côté de la Manche.
C’est un film vraiment étrange, que beaucoup de critiques ont adoré et beaucoup de spectateurs détesté. L’anachronisme y est constant : les cargos dans le port du Havre sont des porte-conteneurs et les fourgons des policiers sont flambant neufs. Mais les voitures sont des Peugeot 403 et des Renault 16 ; les boutiques et le bistrot appartiennent aux années cinquante ; le nom de la chienne de Marcel, Laika, fleure bon l’aventure spatiale soviétique. Le nom de l’épouse de Marcel, Arletty, est tout droit sorti du Paris de l’entre-deux guerres. La silhouette du Commissaire Monet (Jean-Pierre Daroussin) et celle du dénonciateur (Jean-Pierre Léaud) évoquent la France de Vichy.
La manière de parler et de se comporter des personnages est empruntée et théâtrale comme dans un film de Truffaut, auquel la présence de Jean-Pierre Léaud constitue un clair hommage. L’étrangeté de leur parler est renforcée par la présence d’acteurs non français, en particulier Kati Outinen.
Si le style est décalé, le sujet du film est au contraire central dans la société française d’aujourd’hui : de la Jungle de Calais aux docks du Havre, nombreux sont les migrants fascinés par le mirage d’un avenir en Angleterre. Le film de Kaurismäki est dérangeant et inconfortable : c’est peut-être ainsi que le metteur en scène vise juste. Il jette le trouble chez le spectateur, car ce qu’il y a à voir est troublant.