Letchi

L’adoption d’un jeune chat est une expérience gratifiante qu’il faut aborder avec subtilité.

 Tout était programmé. Nous adopterions un petit chat après les turbulences de l’été, ce serait un chat de gouttière,  une femelle, elle s’appellerait Letchi, elle ne serait ni rousse ni noire. Une annonce sur « le bon coin » nous permet d’identifier la perle rare. Continuer la lecture de « Letchi »

Mariage entre personnes du même sexe

Le Parlement français vient de voter définitivement la loi autorisant le mariage de personnes de même sexe. Deux autres pays ont adopté la même mesure en avril : l’Uruguay et la Nouvelle Zélande. Une loi semblable est en discussion en Grande Bretagne. Un référendum aura lieu en Irlande.

 On ne peut qu’être frappé de la virulence de l’opposition au « mariage pour tous » en France. Les motivations des manifestants contre le projet de loi sont diverses. Certains ne s’opposeraient pas à un « PACS renforcé » mais ne peuvent accepter que lui soit appliqué le label « mariage ». La plupart s’opposent à l’idée qu’un enfant puisse être adopté et éduqué par un couple homosexuel. Beaucoup considèrent que le projet de loi ne devrait pas même être discuté, car il contrevient à la « loi naturelle », invariante dans le temps et dans l’espace, dont ils pensent posséder la connaissance. Ces derniers estiment qu’un gouvernement qui s’écarte de ces normes intangibles perd toute légitimité : pour eux, celle–ci appartient à la rue, leur rue. Continuer la lecture de « Mariage entre personnes du même sexe »

Soirée de Fado à Villenave d’Ornon

 

Fado à Torres Vedras. Source : site Internet de la ville.

 La ville de Villenave d’Ornon, dans la banlieue de Bordeaux, fête les vingt ans de son jumelage avec Torres Vedras, au nord-ouest de Lisbonne.

 Pour marquer l’évènement, des chanteurs et guitaristes de Fado de Torres Vedras avaient fait le déplacement à Villenave d’Ornon. Une soirée avait été organisée au « Cube », une salle polyvalente installée au cœur d’un complexe sportif. Le tour de chant fut d’une qualité remarquable.

 Des tables circulaires avaient été installées sur le parterre. A l’entracte, du vin, des charcuteries et des pâtisseries furent servis. Une bonne partie de l’assistance était de la nombreuse communauté portugaise à Bordeaux, malgré la concurrence déloyale du match de football Bordeaux – Benfica au stade et à la télévision ! Nous fîmes connaissance d’Alonso et de sa famille. Il est charcutier traiteur sur les marchés de la région, et est présent pendant l’été sur le marché du mercredi à Maubuisson. Nous nous sommes promis de nous y retrouver en juillet août.

 Les jumelages ont parfois mauvaise presse aujourd’hui. On les considère comme une relique de l’après-guerre, quand la réconciliation des peuples européens était cruciale. On y voit un cadre protocolaire propre à flatter les notables mais sans réel intérêt pour la population. On voudrait qu’ils soient davantage centrés sur la coopération économique.

 Le jumelage de Villenave d’Ornon et de Torres Vedras est une réalité vivante et populaire. Il est possible qu’il doive sa vitalité à la présence en Gironde d’une communauté portugaise vibrante et attachée à ses racines. Comme toute forme sociale, le jumelage n’existe et ne se développe que par l’action d’hommes et de femmes qui s’y investissent.

La soirée au Cube m’a rendu présents par la pensée mes anciens collègues de Lisbonne, António, Luciana, Luís, Pedro, Raúl… et l’aventure humaine que nous avons vécue ensemble de 2003 à 2007.

Une rue de Torres Vedras. source : site Internet de la ville.

L’adoption, paradigme de toute parentalité

 

2000 participants à la « Manif pour tous » à Saint Denis de La Réunion. Photo « Clicanoo »

 

Dans Le Monde du 13 – 14 janvier, Danièle Hervieu-Léger a signé un article intitulé « le combat perdu de l’Eglise : le discours hostile de l’Eglise sur le « mariage pour tous » confirme son inadaptation aux nouvelles voies de la famille ». Elle pense que, si elle le voulait, l’Eglise pourrait avoir une parole audible et constructive sur le thème de l’adoption, « paradigme de toute parentalité ».

 La présence de 380.000 personnes à la « Manif pour tous » contre le projet de « Mariage pour tous », le 13 janvier à Paris (chiffre de la police), constitue un indéniable succès pour les organisateurs. Mais, pour reprendre la « une » de l’Express, François Hollande va-t-il caler ? Il est très probable que non et que la loi sur le mariage gay sera votée, comme l’ont été, malgré d’autres manifestations semblables, les lois sur la contraception, le divorce, l’avortement ou le PACS. La manifestation constituait un cri de colère des traditionnalistes,  un de plus contre ce qu’ils perçoivent comme une perte des références et une soumission à la dictature du relativisme.

 L’Eglise Catholique n’était pas seule à manifester, mais elle a fourni le plus gros des bataillons de protestataires. Dans son article au Monde, Danièle Hervieu-Léger montre que, dans le combat contre le mariage gay comme dans ses précédents combats, l’Eglise a perdu d’avance. La revendication de la liberté individuelle et le rejet de l’intrusion d’institutions dans le couple sont des mouvements de fond que rien ni nul ne peut arrêter. Les sciences sociales ont montré l’inanité du concept de « loi naturelle » assimilée à celui de « loi divine » : l’organisation des relations entre les humains n’est pas invariante, elle change selon les cultures et les moments historiques. Enfin, le découplage entre mariage et filiation implique une pluralité de modèles familiaux composés et recomposés. S’opposer à ces vagues de fond, c’est avancer à reculons et affronter des moulins à vent, fût-ce avec le panache d’un Don Quichotte.

 Plutôt que de s’opposer à des évolutions irréversibles en ruinant sa crédibilité, l’Eglise Catholique pourrait-elle faire entendre sa voix par une contribution positive sur « la scène révolutionnée de la relation conjugale, de la parentalité et du lien familial » ? Danièle Hervieu-Léger suggère que l’Eglise adresse une parole aux hommes et aux femmes, homosexuels comme hétérosexuels, dans l’exercice de leur liberté. Elle évoque le thème de l’adoption. « De parent pauvre de la filiation qu’elle était, elle pourrait bien devenir au contraire le paradigme de toute parentalité. Dans une société où, quelle que soit la façon dont on le fait, le choix « d’adopter son enfant », et donc de s’engager à son endroit, constitue le seul rempart contre les perversions possibles du « droit à avoir un enfant », qui ne guettent pas moins les couples hétérosexuels que les couples homosexuels ».