Sideways

Sideways, film d’Alexander Payne (2004) nous emmène à la suite de deux quadragénaires à la dérive dans la vallée viticole de Santa Ynez en Californie.

 Miles Raymond (Paul Giamatti) propose à son ami Jack, son ancien cothurne de collège, de passer une semaine de dégustation de vins et de golf. Pour lui, il s’agit d’une diversion à la dépression. Il ne s’est pas remis de son divorce, il y a deux ans. Il se veut romancier, mais il craint que son énième roman soit, lui aussi, rejeté par l’éditeur. Il se vit comme un moins que rien. Il s’accroche à une passion : le vin. Cette passion est ambigüe : à la fois réel intérêt pour l’œnologie, vanité d’exhiber son savoir avec la pédanterie d’un connaisseur et déguisement de l’alcoolisme. À son bar favori, le serveur lui demande s’il veut le verre de vin ou la bouteille. Continuer la lecture de « Sideways »

Un week-end à Paris

« Un week-end à Paris », film britannique réalisé par Roger Michell sur un scénario de Hanif Kureishi, évoque le sentiment de vertige qu’éprouve un couple marié depuis 30 ans lorsque l’arrivée de la retraite rend palpable le vieillissement et l’approche de la mort.

 Nick Burrows (Tim Broadbent) invite sa femme Meg (Lindsay Duncan) à célébrer à Paris leurs trente ans de mariage. Ils ont tous deux une bonne soixantaine d’années, ils vivent à Birmingham, leurs enfants sont casés (ou presque). Nick a un projet : revitaliser la flamme de l’amour conjugal. Ses sentiments à l’égard de Meg sont mêlés : il l’aime sincèrement, mais il en est aussi dépendant, il vit psychologiquement à son crochet. Meg a un autre projet : tourner la page pendant qu’il en est encore temps, réinventer sa vie, et pour cela quitter Nick et vivre seule. Et puis faire de cette rupture un moment inoubliable de champagne et de palace. Continuer la lecture de « Un week-end à Paris »

Barg ellil

Le professeur Samir Marzouki a prononcé à l’Université Bordeaux Montaigne une conférence sur un roman de l’écrivain tunisien Béchir Khaïef, « Barg ellil » (1960).

 Le roman de Béchir Khaïef (1917 – 1983) ne semble pas avoir été traduit en français. L’action se passe au 16ième siècle. Barg ellil (« Eclair de la nuit ») est un jeune esclave noir de 17 ans, capturé avec sa mère dans son village et vendu séparément. Il est fort, rusé, intelligent. Surtout, c’est un musicien hors pair. Il s’est fabriqué un instrument de percussion avec des bouteilles. Par ses rythmes, il a attiré l’attention de Rim, une jeune femme que son mari, parti en pèlerinage, a répudié en enfermé dans sa maison transformée en prison. Continuer la lecture de « Barg ellil »

Un homme, ça ne pleure pas

« Un homme, ça ne pleure pas », de la toute jeune romancière Faiza Guène (née en 1985) est un livre drôle et émouvant qui évoque avec justesse le destin d’une famille d’immigrés algériens à Nice.

 Mourad Chennoun est le narrateur. Il est né en France de parents algériens. Son père, cordonnier, ne sait ni lire ni écrire mais accroche des stylos à bille à la poche de sa chemise. C’est un homme digne, dont un article de foi est que « un homme, ça ne pleure pas », et un autre que « on ne repart jamais de zéro, même les arabes bien que ce soient eux qui l’aient inventé, le zéro ». Continuer la lecture de « Un homme, ça ne pleure pas »