On dit souvent que le temps est un gaz, qu’il s’étire ou se comprime selon les situations et les personnes. La vie en prison en fournit un bon exemple.
Au cours d’une réunion d’information des nouveaux entrants dans une maison d’arrêt, un détenu apostrophe la directrice. On lui a remis dans son paquetage un drap souillé. Il a appelé le surveillant, tambouriné sur sa porte, insulté. La directrice lui explique que le temps du détenu n’est pas celui du surveillant. À celui-là l’oisiveté, l’attente permanente de choses qui n’arrivent jamais aussi vite qu’on les attend, la frustration de ne pas se sentir entendu ; à celui-ci, mille tâches à accomplir, les mouvements à gérer, les promenades, les parloirs, les cantines, les demandes des dizaines de détenus de l’étage qu’il faut tant bien que mal prioriser. Continuer la lecture de « Temps carcéral »