Si pour les Français, Wimbledon 2013 a été le tournoi de Marion Bertoli, les Britanniques n’ont eu d’yeux que pour Andy Murray. Avec une vue différente selon qu’ils se situent d’un côté ou de l’autre du Mur d’Hadrien qui sépare l’Ecosse de l’Angleterre.
Pour Alex Salmond, premier ministre d’Ecosse, Andy Murray est écossais. Pour David Cameron, premier ministre de Grande Bretagne, il est britannique. Alex a fêté la victoire d’Andy en déployant un drapeau écossais ; David, en proposant que le héros soit anobli par la Reine. Continuer la lecture de « Un Wimbledon très politique »
En Grande Bretagne comme en France, le Gouvernement s’apprête à faire voter une loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe.
Dans The Guardian du 28 décembre, Tom Clark et Andrew Sparrow indiquent que l’opinion publique britannique, réticente en mars, est aujourd’hui franchement favorable au « mariage gay ». Un sondage commandé par The Guardian révèle que 62% des sondés s’expriment en faveur (31% contre) alors qu’ils étaient seulement 45%il y a neuf mois (36% contre). Le changement spectaculaire d’opinion est particulièrement sensible chez les électeurs « Tory » (conservateurs) : ils étaient 35% à approuver le mariage gay en mars et 50% à le désapprouver ; ils sont maintenant 50% à l’approuver et 42% à le désapprouver.
Le principal clivage dans l’opinion suit les tranches d’âge. Les sondés de plus de 65 ans sont hostiles au mariage gay à 58% (37% seulement sont favorables). Toutes les autres tranches d’âge sont favorables, avec une pointe d’approbation à 77% chez les 18 – 24 ans.
Comme en France, les églises se sont élevées contre le projet de loi. Le primat de l’Eglise Catholique, Vincent Nichols, a souligné que la réforme n’était pas inscrite dans les programmes des partis et n’avait pas fait l’objet d’un livre blanc. L’Eglise Anglicane qui, en tant que religion officielle, célèbre des mariages qui ont une valeur à la fois religieuse et civile, a été placée hors du périmètre de la loi et ne sera donc pas obligée de célébrer des mariages de personnes de même sexe.
Les différences entre la France et la Grande Bretagne sautent aux yeux. Outre Manche, c’est un gouvernement conservateur qui va faire passer cette réforme de société ; en France, il a fallu attendre une alternance de gauche. En Grande Bretagne, on parle du « mariage gay », en France du « mariage pour tous » : la valeur de l’égalité est plus prégnante de ce côté-ci du Channel. En Grande-Bretagne, le débat ouvert par la loi a convaincu un grand nombre d’indécis de son bien-fondé. En France, le soutien au « mariage pour tous » semble s’effriter à mesure que s’approche le vote au Parlement. Et le débat sur la procréation assistée semble cantonné à ce côté-ci de la Manche.
En cadeau d’adieu à l’occasion de mon départ du Royaume Uni pour l’Aquitaine, mes collègues britanniques m’ont offert une anthologie de la poésie anglaise. Ils y ont marqué leurs poèmes préférés. J’ai retenu, de William Blake (1757 – 1827), le poème Jerusalem, tiré de son recueil Milton.
On trouve dans ce poème les thèmes et les images qui ont nourri la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques : une Angleterre de collines bucoliques, défigurée par les usines sataniques de la révolution industrielle ; le désir brûlant de construire Jérusalem dans la terre verte et plaisante de l’Angleterre, dans le ciel de laquelle les nuages de fumée s’écarteront pour le Chariot de feu.
L’Angleterre ne reviendra pas au temps du paradis perdu, et largement fantasmé. Mais dans les contorsions de l’histoire, elle n’a cessé de se battre pour construire une cité meilleure, Jérusalem sur la terre.
Jerusalem
And did those feet in ancient time
Walk upon England’s mountains green?
And was the holy Lamb of God
On England’s pleasant pastures seen?
And did the Countenance Divine
Shine forth upon our clouded hills?
And was Jerusalem builded here
Among these dark Satanic Mills?
Bring me my bow of burning gold:
Bring me my Arrows of desire:
Bring me my Spear: O clouds unfold!
Bring me my Chariot of fire
I will not cease from Mental Fight,
Nor shall my Sword sleep in my hand
Till we have built Jerusalem
In England’s green & pleasant Land
Et ces pieds dans l’ancien temps, ont-ils marché sur les vertes montagnes d’Angleterre ? Et a-t-on vu le saint Agneau de Dieu sur les plaisants pâturages d’Angleterre ? Et la Majesté Divine a-t-elle brillé au-dessus de nos collines nuageuses. Et Jérusalem a-t-elle été construite ici parmi ces sombres Usines Sataniques ? Apportez-moi mon arc d’or brûlant, apportez-moi mes flèches de désir, apportez-moi ma lance : Ô nuages, déplie-vous ! Apportez-moi mon Chariot de feu. Je n’abandonnerai pas mon Combat Mental, et mon glaive de dormira pas dans ma main jusqu’à ce que nous ayons construit Jérusalem dans la Terre verte et plaisante d’Angleterre.
Une fois n’est pas coutume, c’est en anglais qu’est écrit cet article de “transhumances”. Il s’agit d’un résumé de mon intervention a la « farewell party » organisée le 4 octobre dans le cadre magnifique du Ironmongers Hall de la City de Londres (l’antique siège de la corporation des ferronniers, devenus ensuite métallurgistes), en présence d’environ 80 personnes.
When I was asked a few weeks ago which kind of farewell party I would fancy, I answered that I would like to meet a few people who have been particularly close to me over the past five years in the UK. I said that I wished that they would come from the various circles I have been involved in.
Several of you have a special relation with Coface. Bridget founded the company’s operation in the UK nearly 20 years ago; Joe and Grant were part of the very first team. Coface UK senior managers are here tonight, as well as colleagues who have retired or are now working for other companies. Trade credit insurance defines itself as an industry, fiercely competitive but also kept together by a strong community spirit: some of you are our brokers, others our competitors. Other attendees are our auditors, lawyers, PR agency. And I would like to extend a special greeting to representatives of the French community – as you know London is the fifth French city by the number of population: Embassy, French Chamber of Commerce, Foreign Trade Advisers.
Together, we faced in 2008 and 2009 the stress of a tremendous financial crisis. Every morning brought new claims, out of proportion with the insurance premiums. We survived, but we had to work hard to improve our understanding of risks, reduce costs and improve efficiency, and we came out of the ordeal as a team. Casually, this was exactly my mission at Coface UK when I arrived in 2007: to organise the branch so as it could be sustainably profitable. I think that the mission has been accomplished. Frédéric, my successor, will undoubtedly continue in the same direction. He will also bring new ideas, based on his deep financial culture and experience, and this will allow Coface to develop in a credit insurance market which has grown more and more sophisticated in the shadow of the Lloyds.
I have been happy in the UK. Brigitte and I have extensively travelled from Kent to Scotland and from Midlands to Wales. We went to theatre, concerts and exhibitions. We admired this mix of humour, attention to others and perfect organisation which made the Olympics and Paralympics so unique events. To make a long story short: I love this people. And I would like to pay a tribute to Brigitte. She accepted to follow me in Milan, then to Madrid, then to Watford – and now to Bordeaux!
You will have observed that this speech did not start with a joke. In line with the British spirit, let us go for a closing joke. The story involves, naturally, insurance people. An old man, on the verge of retirement after innumerable years at Coface, wanted to purchase a life insurance policy. A first salesman proposed him a policy “from the cradle to the grave”. A second one offered a better cover: “from the womb to the tomb”. The pre-retiree was about to sign for this second proposal when a third insurance salesman came with a contract he could not refuse: “from erection to resurrection!”
I would like to thank you for these exciting five years. We shall keep in touch. All the best!