Dans un livre d’entretiens avec le musicologue Frédéric Gaussin, Jean-Claude Casadesus, chef d’orchestre et directeur de l’Orchestre National de Lille, livre une réflexion passionnante sur sa vie, sa carrière et son métier (« La partition d’une vie », Editions Ecriture, 2012).
La famille Casadesus constitue une véritable dynastie de musiciens et de comédiens issue d’un même ancêtre, Luis Casadesus, un émigré catalan décédé en 1919 à l’âge de soixante neuf ans. Jean-Claude Casadesus appartient à la troisième génération. Il est fils de Gisèle Casadesus, comédienne qui vient, à 99 ans, de jouer dans le film « le figuier ». Il est père d’un explorateur, d’une cantatrice et d’un comédien, et grand-père de trois musiciens doués. Continuer la lecture de « La partition d’une vie »
Le Parlement français vient de voter définitivement la loi autorisant le mariage de personnes de même sexe. Deux autres pays ont adopté la même mesure en avril : l’Uruguay et la Nouvelle Zélande. Une loi semblable est en discussion en Grande Bretagne. Un référendum aura lieu en Irlande.
On ne peut qu’être frappé de la virulence de l’opposition au « mariage pour tous » en France. Les motivations des manifestants contre le projet de loi sont diverses. Certains ne s’opposeraient pas à un « PACS renforcé » mais ne peuvent accepter que lui soit appliqué le label « mariage ». La plupart s’opposent à l’idée qu’un enfant puisse être adopté et éduqué par un couple homosexuel. Beaucoup considèrent que le projet de loi ne devrait pas même être discuté, car il contrevient à la « loi naturelle », invariante dans le temps et dans l’espace, dont ils pensent posséder la connaissance. Ces derniers estiment qu’un gouvernement qui s’écarte de ces normes intangibles perd toute légitimité : pour eux, celle–ci appartient à la rue, leur rue. Continuer la lecture de « Mariage entre personnes du même sexe »
“The place beyond the pines”, film de Derek Cianfrance, met en scène des personnages en apparence stéréotypés, mais en réalité complexes et à la recherché d’eux-mêmes.
Le cadre du film est un petit village de l’Etat de New York, Schenectady, dont le nom signifie en iroquois « l’endroit situé au-delà des pins ». Luke Glanton, un motard cascadeur aux airs de loubard lourdement tatoué (Ryan Gosling) y passe une fois par an avec la foire ambulante dont il constitue une attraction. Il découvre que Romina (Eva Mendes), avec qui il a eu l’an dernier un amour de passage, a donné naissance à un fils. Il décide de se fixer à Schenectady et de devenir le père que lui-même, comme enfant, n’a jamais eu. Il faut de l’argent. Il se le procure en braquant des banques, servi par la prodigieuse agilité que lui procure la moto.
Feu d’artifice pour l’inauguration du Pont Chaban-Delmas depuis la rive droite. Photo Sud-Ouest
Depuis le 16 mars 2013, la ville de Bordeaux compte un cinquième pont routier : le pont Chaban-Delmas. Quatre de ses ponts ont été construits dans les cinquante dernières années, ce qui témoigne d’une profonde rupture dans l’histoire de la ville.
L’inauguration du pont a été célébrée dans une ambiance festive, avec un magnifique feu d’artifice et l’entrée dans la ville, sous les acclamations de dizaines de milliers de spectateurs, du trois-mâts Belem. Les Bordelais sont fiers de la prouesse technique que représente cet ouvrage dont le tablier se relève lors du passage des navires et dont l’esthétique futuriste fera partie de l’identité de la ville.
Une parade nautique avait été annoncée pour accompagner le Belem. On avait en tête celle qui avait marqué le jubilée de la Reine Elizabeth sur la Tamise l’an dernier. La parade se limita à une poignée d’embarcations, soulignant cruellement combien Bordeaux s’est vidée de sa réalité maritime. Pour la conserver, les Bordelais luttèrent contre la construction du Pont de Pierre, achevé en 1821 et qui empêchait l’accès des bateaux de haute mer en amont. Ils acceptèrent en 1860 la passerelle Eiffel pour le chemin de fer. Mais ils résistèrent plus de 150 ans à la construction de nouveaux ponts routiers. La digue des résistances bordelaises fut brisée sous l’action de Jacques Chaban-Delmas, maire pendant près de 50 ans et personnage politique d’envergure nationale. Un nouveau pont urbain, le Pont Saint Jean, fut construit en 1965, et deux ponts permettant le franchissement de la Garonne par la Rocade furent jetés en 1967 (Pont d’Aquitaine) et 1993 (Pont François Mitterrand).
Bordeaux conserve la nostalgie d’une époque où des dizaines de navires déchargeaient sur ses rives et où un dense réseau de navettes et de bacs assurait le trafic d’une rive à l’autre. Le surcoût lié à la fonction élévatrice du Pont Chaban-Delmas est considérable, alors que le nombre de paquebots de croisière ou de grands voiliers attendu à Bordeaux est faible. Mais le fiasco de la parade nautique réveille une blessure dans l’âme bordelaise. Le site de Bordeaux, dans un coude de la Garonne, a bien la forme du croissant de lune devenu son emblème. Mais la ville ne mérite plus le titre de « port de la Lune ».
Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, l’a bien compris. Il vient de faire adopter un schéma d’aménagement pour la vie du fleuve afin de redonner au port de la Lune sa vocation de vrai port et y faire revenir des bateaux. Des pontons seront créés, une navette fluviale mise en place. Mais remonter le courant de l’histoire s’annonce difficile.
Le Belem sous le Pont Chaban-Delmas. Photo Sud-Ouest