Statue de Brunel dans le quartier de Temple à Bristol. Photo "transhumances"
Bristol doit à l’ingénieur Isambard Kingdom Brunel (1806 – 1859) plusieurs réalisations dont elle s’enorgueillit.
A l’extrémité du joli quartier résidentiel de Clifton, le Pont Suspendu enjambe les gorges de la rivière Avon. Il fut conçu par Brunel, mais construit cinq ans après sa mort.
Clifton Suspension Bridge. Photo "transhumances"
Dans la zone portuaire de Spike Island, un musée a été construit autour du navire SS Great Britain. Son histoire est peu banale. Il fut conçu par Brunel selon des principes révolutionnaires : la coque serait en fer et non plus en bois ; la propulsion se ferait par hélice et non par roues à aubes. Il fut lancé en 1843. A partir de 1852 et pour trente ans, il transporta des émigrants en Australie. Après une brève période d’utilisation comme cargo, il termina sa vie commerciale dans les Iles Falkland.
En 1970, la coque du navire fut ramenée à Bristol à bord d’un ponton. Un parcours est aujourd’hui organisé pour les visiteurs. Il inclut une visite au fond de la cale sèche qui permet d’admirer la coque du navire, une exposition retraçant son histoire et une promenade à bord où l’on voit ses machines ainsi que des cabines et communs reconstitués.
Un aspect intéressant est la transformation que l’on fit subir au navire en 1882 pour l’utiliser comme cargo. On substitua ses mâts d’origine par d’autres plus élevés, capables de soutenir une voilure plus large. Ceci permettait, par vent favorable, de naviguer à la voile plutôt qu’à la vapeur. En quelque sorte, le SS Great Britain tournait partiellement le dos aux énergies fossiles et adoptait de nouveau une énergie renouvelable. En cela aussi et à son corps défendant il préfigurait l’avenir.
Alors que les difficultés de PSA font la une de l’actualité en France, l’industrie automobile britannique connait une croissance impressionnante.
L’ancien président Sarkozy aimait affirmer que la Grande Bretagne n’avait plus d’industrie. Ce qui se passe dans le secteur automobile semble lui donner tort. Il est vrai que le pays ne produisait plus que 1,3 million de véhicules par an en 2001, après un maximum de 2 millions en 1977. Mais il est à peu près certain que le cap des 2 millions sera dépassé en 2015. La tendance est positive : la production était de 11,8% plus élevée sur les 4 premiers mois de 2012 que sur la même période l’an dernier.
Il est vrai que la Grande Bretagne n’a plus d’industrie automobile nationale, au sens de la propriété du capital : Jaguar Land Rover appartient à l’Indien Tata, Mini à l’Allemand BMW, Vauxhall à l’Américain General Motors. Pourtant, nous assistons à une succession d’annonces d’investissements dans ce secteur. BMW a décidé de produire à Birmingham ses voitures de sport hybrides i8. Jaguar Land Rover a créé à Wolverhampton une usine de production de moteurs avec 750 emplois et ouvre des emplois dans ses usines de Solihull et Halwood près de Liverpool. General Motors a annoncé la continuité de son site d’Ellesmere Port, préservant 2.100 emplois et en créant 700 nouveaux. Nissan et Honda renforcent leur présence.
Les ingrédients de ce succès sont la politique industrielle, la spécialisation sur le haut de gamme et la qualité des relations sociales.
Le Gouvernement de Gordon Brown et maintenant la coalition des Conservateurs et des Libéraux Démocrates ont proclamé leur intention de réindustrialiser le pays et n’ont pas hésité à y mettre les moyens, comme la levée de fonds profitant du triple A de l’Etat britannique. Le faible cours du sterling les a aidés dans ce projet.
L’industrie automobile britannique s’est spécialisée sur des modèles qui font l’envie des élites de pays tels que la Chine. Une Jaguar, une Range Rover, une Mini se vendent bien à la grande exportation. L’industrie nationale s’est aussi spécialisée sur les segments d’avenir, tels que l’électrique. La cotation des titres des compagnies peut se faire à New York, New Delhi ou Francfort ; les bureaux d’étude sont notamment à Birmingham parce qu’est là que se trouvent les ingénieurs les plus performants.
Enfin, les relations sociales sont probablement plus imaginatives et moins bloquées qu’ailleurs. Les dirigeants de Jaguar Land Rover considèrent qu’il est logique d’investir dans l’entreprise maintenant que les choses vont bien, alors que pendant la crise financière de 2008, les travailleurs avaient accepté 70 millions de sterlings de sacrifices pour soutenir l’entreprise dans une conjoncture défavorable. Dans Le Monde du 20 juillet, Eric Albert indique que « General Motors a annoncé, en mai, un investissement de 150 millions d’euros dans son usine Vauxhall après un accord voté à 94% par les 2.200 salariés. Celui-ci prévoit le gel des salaires pendant deux ans, suivi d’une hausse pendant les deux années suivantes légèrement supérieure à l’inflation. A cela s’ajoute la mise en place d’une « banque d’horaires » ; pendant les périodes creuses, les salariés ne travailleront pas et seront payés normalement ; en échange, pendant les pics, leurs heures supplémentaires ne seront pas payées, dans la limite du nombre d’heures qu’ils avaient en réserve. »
Contrairement aux idées reçues, il reste une industrie automobile en Grande Bretagne, et elle est en plein expansion. Le ministère français du Redressement Productif pourrait y trouver des références utiles.
Le Shard, immeuble de 310 mètres de hauteur sur la rive droite de la Tamise, s’affiche déjà comme un monument emblématique de Londres.
Le Shard (dont le nom signifie éclat de verre) vient d’être inauguré par Hamad bin Jassim bin Jabr Al Thani, premier ministre du Qatar, l’Etat qui en a financé la construction. Le promoteur, Irvine Sellar et l’architecte, Renzo Piano (celui du Centre Georges Pompidou) participaient à l’événement.
L’hebdomadaire culturel « Time Out » souligne que le Shard, une tour de verre de 310 mètres d’altitude, a déjà pris sa place parmi les icônes de la ville de Londres : la tour de Londres, Big Ben, les Maisons du Parlement, la Cathédrale St Paul et, plus récemment, le bâtiment des Lloyds (1986), le théâtre du Globe (1997), le Gherkin (2003) ou encore le stade de Wembley (2007), sans parler encore du ArcelorMittal Orbit, la sculpture monumentale d’Anish Kapoor et Cecil Balmont près du Stade Olympique.
Dans le Sunday Times du 1 juillet, le pittoresque maire de Londres Boris Johnson se réjouit de pouvoir observer les Froggies (mangeurs de grenouille) du sommet du Shard (en réalité, la vue ne porte pas jusqu’à Calais). Il faut dire, souligne l’hebdomadaire conservateur, que le maire de Londres n’aime rien tant que se payer une bonne tranche de « frogbashing » (fête à la grenouille). Il cite un article de Johnson dans un journal l’an dernier : « Il arrive que nous soyons tous prêts à lire comment nos cousins continentaux sont une bande de Strauss-Khans dont la bouche pue l’ail et qui manifestent un intérêt suspect pour le structuralisme et les films sordides. » Dans le même article, il relevait qu’à voir le nombre de Britanniques qui passent leurs vacances en France et s’installent en Dordogne, on mesurait combien ils admiraient et aimaient secrètement les Français.
Le Shard va être multifonctionnel. On y trouvera un hôtel de luxe, des logements, des bureaux et une plateforme d’observation offrant un panorama unique sur la ville. Il est le nouveau symbole d’une ville d’un dynamisme impressionnant.
En arrière plan de Southwark Cathedral, le Shard. Photo "transhumances"