Topless

The Guardian a publié le 19 septembre un dessin de Steve Bell en écho à la plainte de la famille royale contre un journal français qui avait publié des photos de la Duchesse de Cambridge seins nus.

 La Reine avait montré son sens de l’humour à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des  Jeux Olympiques. On l’avait vue quitter Buckingham Palace en hélicoptère aux côtés de James Bond et se lancer en parachute au dessus du stade.

 Par un juste retour des choses, c’est la famille royale qui est l’objet de dérision. Pendant des jours, les photos volées par un journal appartenant à Berlusconi à l’intimité des vacances de la Duchesse de Cambridge ont occupé dans l’actualité une place sans doute disproportionnée. La plainte au civil et au pénal des victimes s’inscrit dans un contexte rendu sensible par l’enquête Leveson sur les écoutes illégales. Le dessin de Steve Bell rappelle que la presse a un devoir d’impertinence. Pendant les célébrations du Jubilée et des Jeux Olympiques, The Guardian a été à l’unisson de la ferveur nationale. Montrer la famille royale au balcon de Buckingham Palace en topless fait grincer des dents. Mais briser l’enchantement euphorique fait partie de l’exercice de la démocratie. Bravo à Bell et au Guardian pour avoir osé.

Cantina

Donné dans le cadre du « London World Festival », Cantina est un spectacle de cirque exceptionnel par la virtuosité des acrobates et la charge émotionnelle qu’il dégage.

 Pendant l’été, le Southbank Centre, déjà équipé de deux magnifiques salles de spectacle, le Royal Festival Hall et le Elizabeth Festival Hall, occupe un espace supplémentaire. Dans le Jubilee Garden, tout près de la grande roue au bord de la Tamise (le London Eye), il offre un espace de fête foraine nommé « London Wonderground ». Un chapiteau de cirque y est planté au milieu des attractions foraines. Pendant les spectacles qui s’y déroulent, on entend le hurlement des passagers des engins de production d’émotions fortes.

 Jusqu’à la fin septembre, une troupe australienne donne sous le chapiteau un spectacle d’une heure, Cantina. Les ingrédients sont ceux du cirque : acrobatie, contorsionnisme, funambulisme, équilibrisme. Mais, comme au Cirque du Soleil quoiqu’à une échelle plus humaine, on ne vise pas la prouesse technique en tant que telle, mais l’émotion provoquée par le corps humain écartelé. Le spectacle a l’esthétique des années vingt, visuellement et par les musiques interprétées sur scène.

 Sur un fil d’acier, un homme et une femme (elle portant naturellement des talons hauts) tentent de trouver leur équilibre, chacun pour soi mais en tentant de se raccrocher l’un à l’autre. Un homme tente de modeler une femme, pantin inerte, à son image. L’homme qui virevolte le cou pendu à une corde a le visage revêtu d’une cagoule, évoquant le supplice d’un condamné à mort. Une femme piétine de ses chaussures à talon le torse nu d’un homme qui la battait.

 Il y a dans Cantina une humanité bestiale qui affleure, celle qui veut asservir, dominer, écraser ; mais aussi celle qui atteint, par la virtuosité physique et la grâce de la chorégraphie, à une sublime beauté.

Cantina, photo de South Bank Centre Dance Blog

Le Shard

Le Shard, immeuble de 310 mètres de hauteur sur la rive droite de la Tamise, s’affiche déjà comme un monument emblématique de Londres.

 Le Shard (dont le nom signifie éclat de verre) vient d’être inauguré par Hamad bin Jassim bin Jabr Al Thani, premier ministre du Qatar, l’Etat qui en a financé la construction. Le promoteur, Irvine Sellar et l’architecte, Renzo Piano (celui du Centre Georges Pompidou) participaient à l’événement.

 L’hebdomadaire culturel « Time Out » souligne que le Shard, une tour de verre de 310 mètres d’altitude, a déjà pris sa place parmi les icônes de la ville de Londres : la tour de Londres, Big Ben, les Maisons du Parlement, la Cathédrale St Paul et, plus récemment, le bâtiment des Lloyds (1986), le théâtre du Globe (1997), le Gherkin (2003) ou encore le stade de Wembley (2007), sans parler encore du ArcelorMittal Orbit, la sculpture monumentale d’Anish Kapoor et Cecil Balmont près du Stade Olympique.

 Dans le Sunday Times du 1 juillet, le pittoresque maire de Londres Boris Johnson se réjouit de pouvoir observer les Froggies (mangeurs de grenouille) du sommet du Shard (en réalité, la vue ne porte pas jusqu’à Calais). Il faut dire, souligne l’hebdomadaire conservateur, que le maire de Londres n’aime rien tant que se payer une bonne tranche de « frogbashing » (fête à la grenouille). Il cite un article de Johnson dans un journal l’an dernier : « Il arrive que nous soyons tous prêts à lire comment nos cousins continentaux sont une bande de Strauss-Khans dont la bouche pue l’ail et qui manifestent un intérêt suspect pour le structuralisme et les films sordides. » Dans le même article, il relevait qu’à voir le nombre de Britanniques qui passent leurs vacances en France et s’installent en Dordogne, on mesurait combien ils admiraient et aimaient secrètement les Français.

 Le Shard va être multifonctionnel. On y trouvera un hôtel de luxe, des logements, des bureaux et une plateforme d’observation offrant un panorama unique sur la ville.  Il est le nouveau symbole d’une ville d’un dynamisme impressionnant.

En arrière plan de Southwark Cathedral, le Shard. Photo "transhumances"