Moving

Déménagement, de Watford à Maubuisson. Photo « transhumances »

Dans The Guardian du 31 octobre, Suzanne Moore a écrit un article intitulé « déménager, ce sont ces boîtes pleines de choses bêtes qui me rappellent la maison ».

 En anglais, « moving » signifie « déménager » mais aussi « émouvant ». « Finalement, dit Suzanne Moore, j’ai emménagé. Dans une nouvelle maison. Déménager, comme les gens vous disent joyeusement, est seulement un peu moins stressant que divorcer ou mourir. (…) Assise,  comme je suis, au milieu de pyramides de boîtes en carton pleines de mes affaires flanquées là sans rime ni raison, je me sens dépassée. Déménager vous confronte avec toutes ces choses. Etrangement, ce ne sont pas les grands articles que les déménageurs ont transportés – le sofa et les lits – qui induisent la panique. Je sais pourquoi le les ai. Mais les petites. Une boîte seulement marquée « câbles ».

 (…) Voici les dessins de mes enfants, mes propres gribouillages, toutes sortes de relations en couches de papier. Ouvrir les paquets du passé me fait sentir, moi aussi, comme du papier-bulles. Des ouragans se sont produits, mais j’ai été submergée dans le monde plus petit de la nidification.

 (…) Les changements dans la manière dont nous vivons maintenant peuvent être mesurés par les boîtes. Mes enfants plus âgés sont présents physiquement dans des dossiers de photos et de peintures. Ces photos étaient confiées avec soin au laboratoire de développement et mises en circulation. La vie de mon troisième enfant est absente. C’est une fille numérique. Nous avons pris moins d’images d’elle, probablement plus en fait, mais elles vivent ailleurs. Elles ne pâlissent et n’écornent pas ces images, sinon comme un « effet » ; Est-ce que cela veut dire qu’elle aura moins d’affaires une fois adulte ? Je ne sais pas ».

 Suzanne Moore conclut son article en observant que déménager dans une nouvelle maison est peut-être un luxe que sa génération a pu se permettre mais qui, pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, est un rêve inaccessible.

Adieu

Carte d'au-revoir, 12 octobre 2012

En cadeau d’adieu à l’occasion de mon départ du Royaume Uni pour l’Aquitaine, mes collègues britanniques m’ont offert une anthologie de la poésie anglaise. Ils y ont marqué leurs poèmes préférés. J’ai retenu, de William Blake (1757 – 1827), le poème Jerusalem, tiré de son recueil Milton.

 On trouve dans ce poème les thèmes et les images qui ont nourri la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques : une Angleterre de collines bucoliques, défigurée par les usines sataniques de la révolution industrielle ; le désir brûlant de construire Jérusalem dans la terre verte et plaisante de l’Angleterre, dans le ciel de laquelle les nuages de fumée s’écarteront pour le Chariot de feu.

 L’Angleterre ne reviendra pas au temps du paradis perdu, et largement fantasmé. Mais dans les contorsions de l’histoire, elle n’a cessé de se battre pour construire une cité meilleure, Jérusalem sur la terre.

 Jerusalem

 And did those feet in ancient time

Walk upon England’s mountains green?

And was the holy Lamb of God

On England’s pleasant pastures seen?

 

And did the Countenance Divine

Shine forth upon our clouded hills?

And was Jerusalem builded here

Among these dark Satanic Mills?

 

Bring me my bow of burning gold:

Bring me my Arrows of desire:

Bring me my Spear: O clouds unfold!

Bring me my Chariot of fire

 

I will not cease from Mental Fight,

Nor shall my Sword sleep in my hand

Till we have built Jerusalem

In England’s green & pleasant Land

 

Et ces pieds dans l’ancien temps, ont-ils marché sur les vertes montagnes d’Angleterre ? Et a-t-on vu le saint Agneau de Dieu sur les plaisants pâturages d’Angleterre ? Et la Majesté Divine a-t-elle brillé au-dessus de nos collines nuageuses. Et Jérusalem a-t-elle été construite ici parmi ces sombres Usines Sataniques ? Apportez-moi mon arc d’or brûlant, apportez-moi mes flèches de désir, apportez-moi ma lance : Ô nuages, déplie-vous ! Apportez-moi mon Chariot de feu. Je n’abandonnerai pas mon Combat Mental, et mon glaive de dormira pas dans ma main jusqu’à ce que nous ayons construit Jérusalem dans la Terre verte et plaisante d’Angleterre.

Farewell

Ironmongers Hall

Une fois n’est pas coutume, c’est en anglais qu’est écrit cet article de “transhumances”. Il s’agit d’un résumé de mon intervention a la « farewell party » organisée le 4 octobre dans le cadre magnifique du Ironmongers Hall de la City de Londres (l’antique siège de la corporation des ferronniers, devenus ensuite métallurgistes), en présence d’environ 80 personnes.

 When I was asked a few weeks ago which kind of farewell party I would fancy, I answered that I would like to meet a few people who have been particularly close to me over the past five years in the UK. I said that I wished that they would come from the various circles I have been involved in.

 Several of you have a special relation with Coface. Bridget founded the company’s operation in the UK nearly 20 years ago; Joe and Grant were part of the very first team. Coface UK senior managers are here tonight, as well as colleagues who have retired or are now working for other companies. Trade credit insurance defines itself as an industry, fiercely competitive but also kept together by a strong community spirit: some of you are our brokers, others our competitors. Other attendees are our auditors, lawyers, PR agency. And I would like to extend a special greeting to representatives of the French community – as you know London is the fifth French city by the number of population: Embassy, French Chamber of Commerce, Foreign Trade Advisers.

 Together, we faced in 2008 and 2009 the stress of a tremendous financial crisis. Every morning brought new claims, out of proportion with the insurance premiums. We survived, but we had to work hard to improve our understanding of risks, reduce costs and improve efficiency, and we came out of the ordeal as a team. Casually, this was exactly my mission at Coface UK when I arrived in 2007: to organise the branch so as it could be sustainably profitable. I think that the mission has been accomplished. Frédéric, my successor, will undoubtedly continue in the same direction. He will also bring new ideas, based on his deep financial culture and experience, and this will allow Coface to develop in a credit insurance market which has grown more and more sophisticated in the shadow of the Lloyds.

 I have been happy in the UK. Brigitte and I have extensively travelled from Kent to Scotland and from Midlands to Wales. We went to theatre, concerts and exhibitions. We admired this mix of humour, attention to others and perfect organisation which made the Olympics and Paralympics so unique events. To make a long story short: I love this people. And I would like to pay a tribute to Brigitte. She accepted to follow me in Milan, then to Madrid, then to Watford – and now to Bordeaux!

 You will have observed that this speech did not start with a joke. In line with the British spirit, let us go for a closing joke. The story involves, naturally, insurance people. An old man, on the verge of retirement after innumerable years at Coface, wanted to purchase a life insurance policy. A first salesman proposed him a policy “from the cradle to the grave”. A second one offered a better cover: “from the womb to the tomb”. The pre-retiree was about to sign for this second proposal when a third insurance salesman came with a contract he could not refuse: “from erection to resurrection!”

 I would like to thank you for these exciting five years. We shall keep in touch. All the best!

Automne

 

Paysage d'automne à Watford

 

Je partirai à la retraite le 12 octobre, après 22 ans de carrière à Coface et 33 ans de vie professionnelle. Le 21 septembre, jour de l’automne, j’ai eu l’opportunité de célébrer à La Défense mon départ avec environ 70 collègues avec qui j’ai travaillé étroitement. Voici un résumé des quelques mots que j’ai prononcés à cette occasion.

 Ma carrière à Coface semble s’être déroulée sous les auspices du chiffre 4. J’ai eu l’occasion de travailler avec 4 présidents, mais aussi avec 4 directeurs généraux. J’ai exercé 4 métiers : communication, commercial, country manager et, plus récemment et par intérim, risque politique. J’ai travaillé dans 4 métropoles européennes, Paris, Milan, Madrid et Londres. Nous entrons aujourd’hui dans l’une des 4 saisons, et j’y vois le symbole de mon passage à l’automne de ma vie : je rêve d’en faire une saison de grand vent et de feuillages fauves.

 De  1990 à 1997, j’ai créé la première direction de la communication de Coface. L’entreprise était dans un moment de mutation. L’équipe mit en place des outils : projet d’entreprise, colloques, relations presse, site Internet. Elle participa à l’internationalisation d’une entreprise jusque là franco-française et à la création du réseau international d’assureurs-crédit CreditAlliance.

 En 1997, j’ai eu la chance que me soit proposé le poste de directeur commercial à Milan : nouveau métier, nouveau pays, nouvelle langue, sous la conduite de pédagogues exceptionnels. En Espagne et au Portugal de 2001 à 2007, je suis devenu country manager. Les mots qui caractérisent cette période : enthousiasme, vitalité, « team building ». Depuis cinq ans, je dirige les équipes de Coface au Royaume Uni et en Irlande. Pour les caractériser : résilience, pragmatisme et humour, qualités qui nous ont permis de survivre à la crise qui balaya la City en 2007 – 2009.

 J’ai eu la chance de participer au comité exécutif de Coface avec deux phases bien différentes, avant et après le recentrage sur l’assurance-crédit au début 2011 : avant le changement de cap, la vision d’une entreprise globale, dépassant sans cesse les frontières de pays, de métiers et de mentalités ; depuis 2011, la volonté de se plier aux faits et aux chiffres et de faire aboutir les projets dans les budgets et les délais promis.

 Pour finir, 4 mercis :

 Merci pour l’économie réelle. Coface est une entreprise financière, mais son travail consiste à assurer des transactions entre des entreprises qui vendent dans le monde entier. Rencontrer les chefs d’entreprise, trésoriers et gestionnaires de crédit m’a procuré mes meilleurs moments.

 Merci pour la « multinationale bonzaï ». Comparée aux grandes multinationales françaises, Coface, avec son chiffre d’affaires inférieur à 2 milliards d’euros et ses quelques milliers de collaborateurs, semble minuscule. Elle est pourtant présente et active avec ses propres équipes dans plus de 60 pays au monde.

 Merci pour l’entreprise Coface, un corps vivant qui se réinvente sans cesse pour croître et être profitable dans une économie internationale sans cesse changeante.

 Enfin, merci pour l’amitié de nombreux « cofaciens », qui n’a cessé de m’encourager au long d’une passionnante carrière.