New-York à deux vitesses

Dans The Guardian du 24 octobre, le journaliste John Freeman dit de New-York que c’est la ville des rêves et des clichés de cinéma, mais aussi de la pauvreté, des loyers en hausse et de l’inégalité croissante.

 John Freeman évoque sa propre expérience. Alors qu’il avait son propre appartement, son frère Tim, atteint d’une maladie mentale, vivait dans un foyer pour SDF à quelques centaines de mètres de chez lui. Les deux frères vivaient dans deux mondes hermétiques l’un à l’autre, celui de la prospérité et celui de la précarité. Continuer la lecture de « New-York à deux vitesses »

L’adoption, paradigme de toute parentalité

 

2000 participants à la « Manif pour tous » à Saint Denis de La Réunion. Photo « Clicanoo »

 

Dans Le Monde du 13 – 14 janvier, Danièle Hervieu-Léger a signé un article intitulé « le combat perdu de l’Eglise : le discours hostile de l’Eglise sur le « mariage pour tous » confirme son inadaptation aux nouvelles voies de la famille ». Elle pense que, si elle le voulait, l’Eglise pourrait avoir une parole audible et constructive sur le thème de l’adoption, « paradigme de toute parentalité ».

 La présence de 380.000 personnes à la « Manif pour tous » contre le projet de « Mariage pour tous », le 13 janvier à Paris (chiffre de la police), constitue un indéniable succès pour les organisateurs. Mais, pour reprendre la « une » de l’Express, François Hollande va-t-il caler ? Il est très probable que non et que la loi sur le mariage gay sera votée, comme l’ont été, malgré d’autres manifestations semblables, les lois sur la contraception, le divorce, l’avortement ou le PACS. La manifestation constituait un cri de colère des traditionnalistes,  un de plus contre ce qu’ils perçoivent comme une perte des références et une soumission à la dictature du relativisme.

 L’Eglise Catholique n’était pas seule à manifester, mais elle a fourni le plus gros des bataillons de protestataires. Dans son article au Monde, Danièle Hervieu-Léger montre que, dans le combat contre le mariage gay comme dans ses précédents combats, l’Eglise a perdu d’avance. La revendication de la liberté individuelle et le rejet de l’intrusion d’institutions dans le couple sont des mouvements de fond que rien ni nul ne peut arrêter. Les sciences sociales ont montré l’inanité du concept de « loi naturelle » assimilée à celui de « loi divine » : l’organisation des relations entre les humains n’est pas invariante, elle change selon les cultures et les moments historiques. Enfin, le découplage entre mariage et filiation implique une pluralité de modèles familiaux composés et recomposés. S’opposer à ces vagues de fond, c’est avancer à reculons et affronter des moulins à vent, fût-ce avec le panache d’un Don Quichotte.

 Plutôt que de s’opposer à des évolutions irréversibles en ruinant sa crédibilité, l’Eglise Catholique pourrait-elle faire entendre sa voix par une contribution positive sur « la scène révolutionnée de la relation conjugale, de la parentalité et du lien familial » ? Danièle Hervieu-Léger suggère que l’Eglise adresse une parole aux hommes et aux femmes, homosexuels comme hétérosexuels, dans l’exercice de leur liberté. Elle évoque le thème de l’adoption. « De parent pauvre de la filiation qu’elle était, elle pourrait bien devenir au contraire le paradigme de toute parentalité. Dans une société où, quelle que soit la façon dont on le fait, le choix « d’adopter son enfant », et donc de s’engager à son endroit, constitue le seul rempart contre les perversions possibles du « droit à avoir un enfant », qui ne guettent pas moins les couples hétérosexuels que les couples homosexuels ».