Shalimar le Clown

Salman Rushdie. Photo The Guardian

Salman Rushdie était récemment l’invité de La Grande Librairie, l’émission de France 5 animée par François Busnel. Il présentait son autobiographie, « Joseph Anton ». Il y a quelques années, j’avais écrit une note de lecture de Shalimar le Clown, une œuvre majeure de l’écrivain (Feux Croisés, Plon, 2005).

 Max Ophuls, Ambassadeur des Etats-Unis chargé de mission antiterroriste, meurt égorgé lorsqu’il se rend à Los Angeles chez sa fille India. Le crime pourrait être politique : l’assassin se présente comme Shalimar le Clown. C’est un musulman du Cachemire, passé dans la résistance à l’armée indienne, puis dans les réseaux islamistes radicaux, des maquis d’Algérie à l’île philippine d’Isabela. En réalité, Shalimar le Clown a un compte à régler avec l’Ambassadeur : sa femme Boonyi l’a en effet quitté pour échapper à sa vie provinciale et est devenue la maîtresse de l’homme de pouvoir. Aveuglé par la haine, il a juré de tuer l’un et l’autre.

 Le drame de Shalimar le Clown est parallèle à celui de son pays. Il naît à Pachigam, le village des comédiens itinérants. « La maison familiale était située près d’une petite rivière loquace, le Muskadoon, dont le nom signifiait rafraîchissante et dont l’eau était agréable à boire mais glaciale pour celui ou celle qui s’y baignait parce qu’elle dévalait des hautes neiges éternelles où les divinités hindoues, torse et seins nus, jouaient tous les jours aux jeux de l’éclair et du tonnerre. » Hindous et musulmans y vivaient en bonne intelligence. Le village était réputé pour la qualité de ses spectacles traditionnels et pour savoir cuisiner le banquet des Trente Six Plats Minimum. Shalimar était clown funambule. « Ne considère pas la corde comme une ligne rassurante courant dans l’espace, lui dit son père. Considère-la comme une ligne d’air ramassée. Ou considère l’air comme quelque chose qui se prépare à devenir corde. La corde et l’air sont une unique et même chose. Quand tu sauras cela, tu seras prêt à voler. La corde se dissoudra et tu marcheras dans l’air en sachant que ce dernier te porte et t’emmènera partout où tu veux aller. »

 Fanatisme

 Le fanatisme se déchaîne sur la vallée du Cachemire. Face à l’armée indienne qui pratique une politique de terreur, un mouvement de résistance nationale se forme, auquel se joint Shalimar. La vie est dure pour les combattants : « comment l’avenir pourrait-il commencer quand le présent étouffait tous et tout ? Ils redoutaient la trahison, la capture, la torture, leur propre lâcheté (…). Ils redoutaient par-dessus tout l’hiver (…). Quand il n’y avait plus rien d’autre à faire que d’attendre de se faire arrêter, frissonner dans des mansardes sans amour et rêver de l’inaccessible : les femmes, le pouvoir et la richesse ».

 La résistance se scinde, et Shalimar rejoint le « mollah d’acier » allié au Pakistan. « Le mollah d’acier dit qu’on ne peut répondre à la question de la religion qu’en étudiant la condition du monde. Quand le monde est en pleine confusion, Dieu n’envoie pas une religion d’amour. Dans de tels moments, il envoie une religion martiale, il exige que nous chantions des hymnes guerriers et écrasions l’infidèle. (…) Dans le monde de la vérité, il n’y a pas de place pour la faiblesse, la tergiversation ou les demi-mesures ». Shalimar devient « une personne de valeur et d’importance, comme le sont les assassins. Il avait cinq passeports différents, parlait correctement l’arabe, le français de base et un mauvais anglais, et s’était ouvert des voies, des voies dans le monde réel, le monde invisible, qui le conduiraient où il voudrait aller quand viendrait l’heure de l’Ambassadeur. Il repensa à son père qui lui apprenait à marcher sur un fil, et s’aperçut qu’emprunter les chemins secrets du monde invisible était exactement la même chose. Une fois que vous aviez appris à les utiliser, vous aviez l’impression de voler, comme si le monde illusoire où la plupart des gens vivaient disparaissait et que vous voliez dans les cieux sans même avoir besoin de monter dans un avion. »

 Résistance

 L’histoire de Max Ophuls est, elle aussi, liée à une résistance. Juif alsacien, il rejoint l’armée de l’ombre, gagnant aux commandes d’un prototype d’avion Bugatti le surnom de Juif Volant, puis, infiltré dans le lit de la secrétaire d’un officier allemand, est protagoniste de l’opération « Mordre la Panthère ». Il passe au service des Etats-Unis et est l’architecte des accords monétaires de Bretton Woods : « l’avenir naissait, et on lui demandait d’en être l’accoucheur ». Il a rencontré sa femme, Peggy, dite « la Ratte grise », dans les milieux de la Résistance. Celle-ci s’avère être une piètre amante : « le cœur n’y était pas ; elle avait été façonnée par la résistance et ignorait les joies de l’abandon ». Max multiplie les conquêtes féminines. Il devient Ambassadeur en Inde à un moment délicat des relations américano-indiennes. En assistant au spectacle des comédiens itinérants de Pachigam, il est subjugué par la beauté de Boonyi, la danseuse étoile. Celle-ci rêve de gloire. « J’ai juré de saisir ma chance quand elle se présenterait, dit-elle, et la voilà, qui me dévisage et bat des mains comme un idiot », pense-t-elle. L’existence dorée de Boonyi à New Delhi, organisée par Max, tourne au cauchemar. Dépendante des médicaments et de la nourriture, elle devient obèse. Au moment où elle va être abandonnée par Max, elle lui annonce qu’elle est enceinte.

 Peggy va s’approprier la petite fille, nommée India Ophuls, et renvoyer Boonyi à Pachigam où les habitants l’ont déclaré morte. Boonyi vivra une vie de marginale dans une cabane loin du village, attendant que Shalimar vienne l’assassiner. « Son corps racontait l’histoire de sa vie. L’obésité de son époque de folie était finie mais avait laissé ses plaies, les veines rompues, la peau trop lâche. Elle voulait qu’il voie son histoire, qu’il lise le livre de sa nudité avant de faire ce qu’il était venu faire (…). Ses années d’exil étaient inscrites sur son corps et il fallait qu’il sache son histoire. Elle voulait qu’il sache qu’à la fin de l’histoire de son corps, elle l’aimait encore, ou de nouveau, et depuis toujours. Elle ne portait aucun vêtement, surveillait la cuisson de son repas sur le feu doux et attendait. »

 Enfer

 India vit une enfance malheureuse et une adolescence révoltée auprès de la Ratte Grise en Angleterre. Elle est sauvée par Max, qui l’appelle auprès de lui en Californie. Max disait aimer en Los Angeles ce qui est souvent considéré comme des défauts. « Il prétendait admirer le fait que la ville n’ait pas de centre névralgique. L’idée d’un centre était selon lui démodée, oligarchique, c’était un anachronisme arrogant : croire en une telle chose, c’était consigner l’essentiel de la vie à la périphérie, marginaliser et, de ce fait, dévaluer. L’étendue hétérogène et décentrée de ce gigantesque « blog » invertébré, cette méduse de béton et de lumière, faisait d’elle la vraie ville démocratique du futur ».

 India part au Cachemire sur les traces de sa mère et devient Kashmira Ophuls. Comme Boonyi, elle attend Shalimar le Clown pour un ultime face à face.

 « Au Cachemire, disait Max, c’est le paradis lui-même qui disparaît ; le ciel sur terre est en train d’être transformé en enfer vivant. » La guérilla islamiste fait des raids pour terroriser la population, obliger les femmes à se voiler, contraindre la tente – cinéma à n’admettre que des fidèles musulmans. De son côté, l’armée indienne, basée près de Pachigam dans le camp surmommé « Elasticnagar » pour sa propension à s’étendre, pratique une répression systématique et importe des Balkans le concept de « nettoyage ethnique ».

 Qui brûla ce village ?

 « Il y avait six cent mille soldats indiens au Cachemire, mais ils n’empêchèrent pas le meurtre des pandits, on se demande pourquoi (…). Quand le Gouvernement construisit enfin des campements, cela ne permit qu’à six mille familles de rester dans l’Etat, le reste étant dispersé dans tout le pays où elles resteraient invisibles et impuissantes, on se demande pourquoi (…). Il y avait un cabinet pour trois cents personnes dans de nombreux camps on se demande pourquoi et les dispensaires médicaux manquaient de produits de première nécessité on se demande pourquoi et des milliers de personnes déplacées moururent à cause d’une alimentation et d’un abri inadéquats on se demande pourquoi (…) et les pandits du Cachemire restèrent à pourrir dans leurs campements – taudis pendant que l’armée se battaient pour la vallée ensanglantée et brisée, à rêver du retour, à mourir en rêvant du retour, à mourir après que le rêve de retour fut mort et ils ne purent même pas rêver de retour, on se demande pourquoi on se demande pourquoi on se demande pourquoi on se demande pourquoi on se demande pourquoi ».

 « Qui alluma cet incendie ? Qui brûla ce village ? Qui abattit ces deux frères qui avaient ri toute leur vie ? Qui tua le sarpanch ? Qui brisa ses mains ? Qui brisa ses bras ? Qui brisa son vieux cou ? ». Là où se trouvait autrefois Pachigam près de l’insouciante Muskadoon, là où ses petites rues allaient de la maison du pandit à celle du sarpanch, là où Adbullah grandit et où Boonyi dansait et où Shivshankar chantait et où Shalimar le Clown avançait sur son fil suspendu comme s’il marchait sur l’air, il ne reste plus rien d’une habitation humaine ».

 Faussaires

 Noman n’aime pas son nom et se fait appeler Shalimar. Max est devenu Sébastien Brant dans la clandestinité. Bhoomi, dont le nom signifie « la terre » dit : « mon nom est boue, boue et terre et pierre, je n’en veux pas. » Elle préfère Boonyi, terme local pour désigner l’arbre céleste du Cachemire, le chinar. Le pandit de Pandigam et le colonel d’ »Elasticnagar » souhaitent changer de patronyme, mais se résignent à accepter leur destin patronymique. India devient Kashmira.

 Max a été un faussaire génial pendant la résistance, mettant son métier d’imprimeur au service de combattants en quête de faux papiers. Boonyi elle-même se définit comme une faussaire : « je serai la contrefaçon parfaite d’une femme aimante et tu recevras de moi le simulacre parfait de l’amour », pense-t-elle en pensant à Max.

 Entre la vérité fanatique et terrorisante du mollah d’acier suivi par Shalimar dans la poursuite d’une vengeance implacable et les accommodements du mensonge, la voie est étroite.

Hans Küng

Hans Küng, photo The Guardain

Le compositeur britannique britannique Jonathan Harvey vient de donner au Royal Festival Hall la première de sa symphonie « Weltethos », inspirée de l’œuvre du théologien Hans Küng.

 Hans Küng, 84 ans, est une figure marquante du Christianisme. Il y a une trentaine d’années, j’avais été passionné par sa christologie, imprégnée par la pensée de Hegel (Incarnation de Dieu, 1970, traduction française DDB 1973). Sa fondation Siftung Weltehos (fondation pour une éthique globale) milite en faveur d’un dialogue approfondi entre les religions, les religions monothéistes mais aussi le Confucianisme, le Bouddhisme et l’Hindouisme.

 Dans une interview donnée à Kate Connolly, du Guardian, il indique que la seule voie de réforme de l’Eglise Catholique est à partir de la base. Il appelle les chrétiens, y compris les prêtres, à se soulever et à cesser d’être serviles.

 Sa relation avec l’actuel pape, Ratzinger, est compliquée. Ils étaient ensemble étudiants à Tübingen. L’austère Ratzinger roulait à bicyclette, le flamboyant Küng en Alfa Romeo Giulietta. Après le soulèvement de 1968, l’un évolua vers des positions de plus en plus conservatrices. L’autre devint le porte-parole d’un prophétisme chrétien dont on peut craindre qu’il devienne de plus en plus inaudible… sauf s’il se vêt des atours d’une symphonie !

Lost in Yonkers

Le Palace Theatre de Watford vient de donner Lost in Yonkers, une pièce du dramaturge américain Neil Simon, dont la même scène avait programmé « Brighton Beach Memoirs » il y a deux ans.

 Le maître mot de la pièce est « acier ». Nous sommes en 1942, dans le quartier new-yorkais de Yonkers. Eddie, qui s’est endetté pour payer les frais d’hospitalisation de sa femme jusqu’à son récent décès du cancer, s’est vu proposer un job rémunérateur mais épuisant : acheter aux quatre coins des Etats Unis de la ferraille qui, recyclée, fournira l’industrie d’armement. Sa mère, Granma Kurnitz, a connu une enfance difficile, la fuite du nazisme, l’émigration aux Etats-Unis, la perte de deux de ses six enfants. Elle a fermé hermétiquement son cœur et érigé la dureté de l’acier en règle de comportement.

Ses quatre enfants survivants ne sont pas sortis indemnes d’une école de la vie où l’on n’a pas le droit de se plaindre ni de pleurer ni de toucher. Eddie manque d’auto-estime. Luie fréquente la pègre. Gert est affligée d’un asthme chronique qui l’empêche de finir ses phrases et dont l’origine est toute psychologique. Et puis il y a Bella, trente-cinq ans, simplette, souvent à côté de la plaque mais incroyablement gentille et possédée par le désir d’une vie normale avec un mari aimant et beaucoup d’enfants.

 Lorsqu’Eddie supplie Granma de garder ses deux garçons adolescents, Jay et Arty, pendant dix mois, le temps qu’il parte à la recherche de l’acier et rembourse ses dettes, sa mère a la réaction qu’on attend d’elle : pas question de se laisser attendrir ni d’admettre dans sa vie « Yakob » et « Arthur » qui ne peuvent apporter que bruit, saleté et nuisances. Mais Bella exerce un chantage. Elle ne restera auprès de sa mère que si les deux garçons partagent leur vie. Elle révèle ainsi la faiblesse de Granma : la perspective de vivre seule la terrorise. L’acier se fissure.

 Les critiques de la pièce se focalisent pour la plupart sur le personnage de Jay, adolescent pris entre le désir de servir le projet de son père et son aversion pour sa grand-mère. Selon moi, le personnage central de la pièce est Bella, que la méchanceté de sa mère et l’échec de sa vie sentimentale ne semblent pas altérer. Naïvement elle croit qu’elle et les siens peuvent devenir libres. Elle se cogne contre les murs et se brûle les ailes. Mais elle a raison.

La Fiesta del Chivo

La Fiesta del Chivo – la fête au bouc – est l’un des meilleurs romans de Mario Vargas Llosa (Punto de lectura, 2000). Il constitue une passionnante plongée dans un moment critique de l’histoire de Saint Domingue, l’assassinat du dictateur Rafael Trujillo le 30 mai 1961. Il opère aussi la dissection chirurgicale sans anesthésie des ressorts du pouvoir à un moment de crise, mais ce faisant, il sublime l’ici et maintenant pour atteindre à l’universalité.

 La Fiesta del Chivo nous fait entrer dans l’intimité du dictateur Rafael Trujillo. Il régna sans partage de 1930 – contemporain donc d’Hitler et Mussolini – jusque 1961 – contemporain de Franco – sur trois millions de dominicains. On le nommait le Bienfaiteur. La ville de Saint Domingue avait été rebaptisée de son nom : Ciudad Trujillo. Sa famille s’était appropriée une part considérable des la richesse nationale. La sécurité militaire inspirait la terreur : un dominicain sur cent disparaîtra ou perdra la vie pendant les trois décennies de la dictature.

 Trujillo choisit ses collaborateurs et les met à l’épreuve. A l’un d’entre eux, il demande de lui vendre l’exploitation agricole qu’il possède à un prix dérisoire ; à un autre, de rompre avec sa fiancée et d’assassiner son frère, suspecté d’hostilité au régime.

 Le dictateur impose à ses collaborateurs une insécurité permanente, il les humilie, les dresse les uns contre les autres dans une compétition sans merci. Gare à celui qui ne sera pas invité à la promenade quotidienne du Chef sur le front de mer. Il est peut-être en train de tomber en disgrâce. Il est menacé de voir ses biens confisqués, sa famille persécutée, lui-même peut-être condamné à mort.

 Depuis quelques mois, en 1961, les choses commencent à se gâter pour le régime. Les Etats-Unis craignent que les abus commis créent les conditions d’une révolution à la Castriste. L’Eglise, jusque là son plus fidèle soutien, s’alarme de la violation des droits humains. Des sanctions sont adoptées par les états américains ; ils commencent à affaiblir sérieusement l’économie du pays.

 Le dictateur lui-même vieillit. Il a 70 ans. Ses épisodes d’incontinence heurtent sa manie obsessionnelle pour la propreté et l’humilient. Lorsque le Sénateur Cabral lui livre sa fille de 14 ans, Urania, en espérant ainsi revenir en grâce, Trujillo se découvre impuissant face à la jeune fille.

 Un groupe de conjurés ourdissent un complot afin d’en finir avec le dictateur. Il réussit : Trujillo est abattu dans une embuscade sur la route qui conduit de la capitale à sa maison de campagne. Mais il échoue aussi : dans la nuit de l’assassinat, le chef d’Etat Major de l’armée,  l’un des conjurés, fait exactement le contraire de ce qu’il sait devoir faire. Il ne s’impose pas comme l’homme fort de la situation, instille le doute, semble ballotté par les événements. Il le paiera de mois de tortures indicibles, jusqu’à en mourir.

 La nuit du meurtre, un homme montre au contraire sa totale maîtrise de soi : le président de la République, Joaquin Balaguer. Jusque là un personnage insignifiant, occupant une présidence purement décorative, Balaguer sait ce qu’il faut faire : soustraire des griffes militaires un prélat menacé de mort, donner des gages au consul des Etats-Unis, se poser comme le dépositaire légitime du pouvoir. Dans les mois qui suivront la mort de Trujillo, il écartera un à un les membres du clan, se réconciliera avec l’Eglise et les Etats-Unis et engagera une transition à la démocratie. Il obtiendra sept mandats de président de la République dominicaine et gouvernera pendant 24 ans au total jusqu’en 1996.

 Après avoir été violée par Trujillo, Urania se réfugie auprès des religieuses qui gèrent son collège. Elles réussissent à la faire partir pour les Etats-Unis. Pour oublier le traumatisme, Urania se concentre sur ses études, intègre Harvard, devient fonctionnaire de la Banque Mondiale. Mis elle est restée une infirme du cœur, incapable d’aimer un homme et résolue à faire payer à son père au prix fort sa trahison.

 La Fiesta del Chivo est une livre dur, parfois jusqu’à l’insoutenable dans sa description de l’abjection et de la souffrance humaines. C’est aussi le récit poignant d’une libération due au courage insensé d’hommes prêts à sacrifier leur vie pour suivre un chemin que nul n’aurait pu prévoir.