Avec « comme un avion », Bruno Podalydès nous offre une comédie exquise et délicate.
Michel (Bruno Podalydès lui-même) est un cinquantenaire à l’âme d’enfant, ballotant sans cesse entre rêve et réalité. De métier, il est infographiste, fabriquant des images de fiction mais soumis à la dure réalité des délais à respecter. Il a la tête pleine des souvenirs de l’Aéropostale et de Mermoz, mais quand ses amis lui offrent un baptême de l’air, il n’a aucune envie de décoller. Continuer la lecture de « Comme un avion »
Avec Bird People, la réalisatrice Pascale Ferran nous livre une magnifique parabole sur la liberté. Comment des êtres écrasés par d’insupportables contraintes peuvent-ils prendre leur envol ?
Gary Newman (Josh Charles) est un homme d’affaires américain, en transit à Paris pour une journée, le temps d’une réunion. Demain il repartira pour Dubaï. Il passe la nuit au Hilton de l’aéroport Charles de Gaulle. C’est un véritable homme oiseau, virevoltant sans cesse d’un contrat à l’autre, d’un avion à l’autre. En apparence il est comblé : succès professionnelle, jolie femme, deux enfants. Mais ce soir, il traverse une insoutenable crise d’angoisse. Il ne supporte plus l’état de guerre permanente, guerre avec la concurrence, guerre avec sa femme, guerre avec soi-même. Il décide de décrocher, de son travail, de sa famille, de tout. Sa décision est irrévocable. Il n’ira pas à Dubaï demain. Il restera en Europe. Continuer la lecture de « Bird People »
« Au bout du conte », film réalisé par Agnès Jaoui sur la base d’un scénario écrit avec Jean-Pierre Bacri, est une comédie un peu grinçante sur les rêves et le destin d’hommes et de femmes ordinaires.
Pierre (Jean-Pierre Bacri) ne croit pas aux médiums. Il reste qu’il s’approche dangereusement de la date qu’une voyante a désignée il y a longtemps comme celle de sa mort. Il n’y croit pas, mais sa vie est de plus en plus pourrie par le doute.
Laura (Agathe Bonitzer) voit en rêve un Prince Charmant l’emmener vers le bonheur. C’est en effet le bonheur qu’elle, fille de bonne famille un peu déprimée, connait brièvement avec Sandro (Arthur Dupont), un jeune musicien désargenté mais talentueux. Hélas, elle ne résistera pas aux avances d’un ténébreux Don Juan, Maxime (Benjamin Biolay), et perdra son amour.
Marianne (Agnès Jaoui) a perdu l’amour de sa vie. Elle vient de se séparer de son mari, mais découvre qu’elle ne sait rien faire seule, conduire, entrer le mot de passe de son ordinateur ou mettre en route le chauffe-eau.
Tous ces personnages croient aux contes de fée, mais ils savent bien que la vraie vie est différente, qu’elle passe par des ruptures, des souffrances et aussi des épisodes de félicité.
Il y a des scènes drôles dans « au bout du conte », comme celle où Bacri, moniteur d’auto-école, tente de donner confiance en elle à son élève Jaoui. Il y a aussi des scènes émouvantes, comme celle où Pierre pleure dans les bras de son fils Sandro, avec qui il n’a jamais su avoir de vraie communication. Ou bien lorsque Laura rencontre Sandro après avoir été plaquée par Maxime. On croit qu’elle va trouver les mots pour renouer ; mais elle ne trouve pas les mots, balbutie, prononce une phrase insignifiante et tourne le dos, définitivement meurtrie.
Les personnages sont en permanent déséquilibre. S’ils penchent trop vers le conte de fée, ils savent qu’ils se brûleront les ailes ; s’ils s’abandonnent au cynisme, ils perdent leur âme. Ils entendent vivre pleinement le grand amour, mais sont convaincus que la fidélité est impossible.
C’est un film inventif, tendre et drôle, qui capture bien l’esprit de l’époque.
Les nuages accompagnent chaque instant de la vie des Réunionnais.
Le travail des météorologues à La Réunion est difficile. Ils peuvent certes dire si, globalement, l’île se situe dans une zone dépressionnaire ou anticyclonique. Mais les reliefs sont si extrêmes que chaque rivage, chaque sommet, chaque ravine a son propre climat, et ce climat est susceptible de changer d’heure en heure. La pluie et le beau temps sont imprévisibles. On accepte le grand soleil comme l’averse soudaine avec le sourire. Gentillesse et fatalisme sont des traits de l’identité créole.
Les nuages sont aux commandes de l’activité touristique, conditionnent la production agricole, empêchent ou permettent la rotation des hélicoptères. Ici ils collent aux sommets jusqu’à lécher d’averses le flanc des montagnes ; là ils sont momentanément absents et laissent le soleil mordre les reliefs.
Les nuages ont la fluidité des purs esprits. Ils se rassemblent en une masse compacte, se dilatent, se lacèrent, dégringolent les pentes et soudain s’évaporent. Vus du fond des cirques, ils semblent auréoler les sommets ; des cimes, leurs volumes s’apparentent à des chariots d’émigrants ; parfois, ils enveloppent le randonneur d’une brume bienfaisante, qui peut soudain se transformer en pluie dégoulinante.
La teinte des nuages passe presque sans transition du gris opaque au blanc de coton, puis au rouge vif du soleil couchant. En les contemplant le soir à l’horizon de l’océan, on imagine des déserts, des villes et des forêts.
Les nuages règlent la vie de La Réunion. Ils stimulent aussi son imagination et ouvrent à la rêverie.