Je verrai toujours vos visages

Dans « je verrai toujours vos visages », Jeanne Héry donne à voir le déroulement de deux programmes de justice restaurative, une médiation restaurative et une rencontre détenus-victimes.

Lorsque Chloé (Adèle Exarchopoulos) entre dans le bureau de Judith (Élodie Bouchez), elle exprime clairement ce qu’elle attend de la médiation restaurative qui lui est proposée : rencontrer son frère qui l’a violée lorsqu’elle était enfant afin de s’entendre sur des règles permettant de ne jamais se croiser en ville, et obtenir des réponses à des questions sur ce qui s’est passé. Judith lui explique les règles. Il faudra obtenir l’accord de Benjamin pour s’engager dans le processus et la rencontrer. De nombreuses réunions seront nécessaires pour déminer le terrain, clarifier les attentes de part et d’autre, identifier les questions taboues. Il sera possible de quitter le programme à tout moment. Il est conseillé de se faire aider par un « ami payant », un psychologue.

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Nos voisins les détenus

France 3 Aquitaine a récemment diffusé un documentaire écrit et réalisé par Djamel Zaoui et Miguel Sanchez Martin intitulé « nos voisins les détenus ». Son sujet : le centre de détention de Mauzac, en Dordogne.

 La prison de Mauzac est atypique. Si le bâtiment originel, construit en 1939, relève de l’architecture pénitentiaire classique, des constructions ont été ajoutées dans les années 1980 lorsque Robert Badinter était Garde des Sceaux. Les détenus sont logés dans des pavillons environnés de verdure, ce qui rend la captivité moins abrupte que dans les monstres gris de 600 places construits ces dernières décennies. Continuer la lecture de « Nos voisins les détenus »

Charge

Dans « Charge » (La Découverte, 2023), la rappeuse et slammeuse Treize raconte son expérience d’une quinzaine d’années « en pays psychiatrique », marquée par plusieurs séjours en hôpital et la dépendance aux médicaments, puis par la reconquête douloureuse de la maîtrise sur sa vie.

 Son témoignage bouleversant dans « les matins du samedi » de France Culture m’a donné envie de lire ce livre. Son titre, « Charge » prend ici un double sens. L’ouvrage constitue un réquisitoire contre la situation de pouvoir dont disposent les psychiatres à l’égard des « psychiatrisés » : « il y a trop de docteurs, trop de molécules », écrit Treize dans un poème. Continuer la lecture de « Charge »

Un récit de ténèbres et d’espoir

Dans « un récit de ténèbres et d’espoir » (Bloomsbury 2016, non traduit en français), Erwin James raconte son enfance cabossée et la longue dérive vers l’alcoolisme et la violence, sanctionnée en 1984 par une condamnation à la prison à perpétuité pour un double meurtre.

Il raconte aussi son long processus de rédemption grâce à une psychologue de prison, Joan Branton, à qui le livre est dédié. Le titre du livre en anglais est d’ailleurs « Redeemable, a memoir of Darkness and Hope ». Le vocable « Redeemable », que l’on peut traduire par « rachetable » appartient à la théologie chrétienne de la rédemption. Dans le lexique de la France laïque, on utiliserait probablement « réinsérable », pour désigner une personne qui parvient à changer de route et à se réconcilier avec la société. Continuer la lecture de « Un récit de ténèbres et d’espoir »