Arte TV a diffusé récemment « Tandem », film de Patrice Leconte (1987) avec Jean Rochefort et Gérard Jugnot dans les rôles principaux.
Michel Mortez (Jean Rochefort) anime depuis un quart de siècle « la langue au chat », émission radiophonique enregistrée chaque jour en direct dans une ville de province différente. Il adore signer des autographes, être photographié en compagnie du maire, être invité à dîner avec les personnalités locales.
Bernard Rivetot (Gérard Jugnot) est son technicien-son, son chauffeur, son comptable, son souffre-douleur. Mais aussi son confident. Car Mortez souffre atrocement de solitude. Derrière la façade d’un dandy vaniteux, se cache un homme fragilisé par le diabète, l’alcoolisme et une addiction au jeu qui l’a réduit à la misère. Sa dualité l’empêche de profiter de la nuit d’amour que lui offre une belle libraire.
Rivetot a ses phobies routières : un homme sur un pont lancerait son vélo sur le parebrise de la voiture, un chien rouge se ferait écraser. Mortez a les siennes : il ne supporte pas ceux qui piqueniquent au bord de la route dans le bruit et la fumée des voitures au lieu de profiter de la campagne.
Les deux hommes forment un parfait tandem. Mais lorsque la station de radio décide d’arrêter « la langue au chat », leur relation prend un tour tragique : Rivetot s’acharne à cacher la nouvelle à son patron, mais la réalité finira par s’imposer.
« Tandem » est un film magnifique, une sorte de Dom Quichotte moderne. Mortez est un hidalgo qui vit du mythe qu’il a voulu construire de lui-même et maintient vivant son rêve à l’heure même où son univers s’effondre. Rivetot est Sancho Panza, conscient à l’extrême des fragilités de son patron, mais fasciné par lui jusqu’à une fidélité aveugle.