Canal + a récemment diffusé Tár, film de Todd Field (2022). Cate Blanchett y interprète une cheffe d’orchestre parvenue au sommet de sa carrière, mais dont la vie se désintègre en quelques semaines.
Lydia Tár (Cate Blanchett) vient d’être nommée cheffe de l’orchestre philharmonique de Berlin, le couronnement d’une brillante carrière. Au cours d’une master classe, elle évoque sa passion pour la musique. Le temps est primordial, dit-elle. C’est moi qui mets l’horloge en marche, parfois sur un silence. C’est moi qui arrête le temps.
Le maestro est tout entier dominé par la musique. Lorsqu’elle dirige la cinquième symphonie de Mahler, elle est habitée par l’âme du compositeur et dégage une énergie surhumaine. Dominée, elle entend dominer à son tour les musiciens de l’orchestre, l’institution elle-même.
Elle décide de licencier le vice-chef d’orchestre, un professionnel expérimenté, admiré, respecté. Elle impose comme soliste Olga Metkina (Sophie Kauer), une violoncelliste débutante, pas encore titulaire de l’orchestre. Ses tendances autoritaires, ses abus de pouvoir se sont avérés avant Berlin, à New York. Une ancienne élève, harcelée, a mis fin à ses jours. Un scandale éclate.
En quelques semaines, le monde de Lydia Tár s’effrite. Son assistante Francesca (Noémie Merlant) disparait du jour en lendemain, indignée par les consignes d’effacer les traces du scandale. Sa compagne Sharon (Nino Hoss) la quitte, ne supportant pas d’être supplantée par Olga. Avec elle disparait aussi la petite fille de Sharon, peut-être la seule vraie amie et confidente de Lydia. Son environnement proche devient étrange : des bruits suspects dans l’appartement, des cris dans la forêt où elle fait du jogging, une agression dans une cave angoissante.
La folie et le désastre rôdent. Doctorante, Lydia Tár avait vécu dans un peuple amazonien et étudié leur musique chamanique. Le film de Todd Field commence d’ailleurs par une magnifique chanson, que Tár a enregistrée et qui inspire ses propres compositions. Il n’y a plus d’avenir pour elle dans l’univers solidement structuré de la musique occidentale. C’est peut-être dans un univers culturel radicalement différent qu’elle pourra se réinventer.
La critique a salué la performance éblouissante de Cate Blanchett. De fait, elle est totalement crédible dans le rôle d’une cheffe d’orchestre sublime et haïssable. La mise en scène est remarquable, elle aussi, plaçant le spectateur à distance, incapable d’arrêter la descente aux enfers qui se joue sous ses yeux.
J’avais adoré ce film à sa sortie. Merci de le présenter ainsi !!