Canal+ a récemment diffusé « tout le monde aime Jeanne », film de Céline Devaux avec Blanche Gardin et Laurent Lafitte dans les rôles principaux.
Jeanne Mayer (Blanche Gardin) traverse une sale période. La machine qu’elle avait conçue pour nettoyer les océans du plastique a coulé à pic le jour de son inauguration ; Jeanne a plongé pour tenter, en vain, de la sauver. Elle a plongé aussi dans les abîmes de la dépression.
Acculée à la faillite, elle part pour Lisbonne afin de vendre l’appartement où elle a grandi. À l’aéroport, elle est importunée par un grand escogriffe extraverti, qui lui rappelle qu’ils se sont connus au lycée et qu’à l’époque, les garçons étaient fous d’elle : tout le monde aime Jeanne. Le gaillard s’appelle Jean (Laurent Lafitte). Il lui rappelle qu’au Portugal, il faut retarder sa montre d’une heure : voyage vers le passé !
C’est en effet vers un passé lourd que Jeanne est embarquée. Sa mère s’est suicidée à Lisbonne, elle a laissé des messages auxquels sa fille n’a pas répondu. La culpabilité et le chagrin envahissent son champ de conscience. Peu à peu pourtant, s’infiltre la relation avec Jean. Lui aussi a connu la dépression, jusqu’à l’hôpital psychiatrique.
La dernière scène du film et magnifique : Jean et Jeanne cheminent dans un entrepôt de conteneurs. Une image à la fois de pesanteur écrasante et de légèreté voyageuse.
Céline Devaux, réalisatrice du film, a aussi imaginé un petit personnage de dessin animé, un fantôme chevelu qui exprime ce qui trotte dans le cerveau assombri de Jeanne, parfois au contraire de ce qu’elle dit par ses lèvres. C’est à la fois profond et drôle, bien en ligne avec ce film qui parvient à parler de la dépression avec ce qu’il faut de recul et d’humour pour éviter le désespoir.
Blanche Gardin a elle-même vécue une profonde dépression. Je ne saurai dire si cela a influencé le film ou vice-versa…