Assister à un concert à l’auditorium de la Maison de la Radio à Paris est source d’émotions très particulières.
Il faut d’abord parler de l’auditorium lui-même. Ouvert il y a trois ans, il est conçu en forme d’arène. Il comporte près de 1 500 places, installées en balcons autour de la scène et des musiciens. Le spectateur n’est jamais à plus de 17 mètres de la scène, explique le site de Radio-France, et bénéficie ainsi d’une relation de proximité et d’intimité avec les musiciens.
Une caractéristique de l’auditorium est la présence d’un orgue imaginé en tenant compte des volumes de la salle. L’acoustique a été pensée pour que le son circule et se réfléchisse grâce à des parements de bois, des poly-cylindres et des lentilles réfléchissantes. Le buffet d’orgue est mobile et prend place aux côtés de l’orchestre. Il en résulte une distorsion de perception : alors que le son d’une flûte ou d’un violon provient de l’instrumentiste que l’on regarde, celui de l’orgue est disjoint de l’organiste.
La recherche d’une qualité acoustique parfaite est complétée par le travail des techniciens de France Musique. Des dizaines de micros sont installés, et leur emplacement est modifié selon les configurations de l’orchestre au cours d’un même concert. On imagine le travail des ingénieurs du son, après le concert, pour établir, avec une précision millimétrique, la juste balance.
Le concert auquel nous avons assisté, le 14 octobre, était donné par l’Orchestre Philarmonique de Radio-France, placé sous la direction de Cristian Măcelaru. Le chef d’orchestre m’a impressionné par sa maîtrise. De la main droite, la baguette, le rythme, la mathématique. De la main gauche, le jeu des doigts, la finesse, l’émotion. Extraordinaire prestation.
Le concert était consacré à des œuvres de compositeurs contemporains : Aaron Copland (1900 – 1990), Albert Ginastera (1916 – 1983), Astor Piazzolla (1921 – 1992), et aussi Nico Muhly, né en 1981. Une pièce remarquable était le concerto pour harpe de Ginastera, interprété à la harpe par Marie-Pierre Langlamet.
J’ai pour ma part été subjugué par « Mixed Messages », œuvre symphonique créée par Nico Muhly en 2015. Le programme du concert mentionne le travail des « quatre percussionnistes, se partageant entre cymbales antiques, chimes (tubes de laiton), glockenspiel, xylophone, tambour ténor, grelots, güiro (venu de Cuba et Porto Rico), frein à tambour, triangle, woodblock (ou bois creux), crécelle, caisse claire, grosse caisse et tam-tam (!) » C’est le travail sur le silence qui m’a le plus séduit dans cet œuvre. Les vides donnent à l’ensemble un incroyable relief.