Le succès du film « un petit truc en plus », réalisé par Artus qui joue également le rôle principal, ne se dément pas : près de trois mois à l’affiche, plus de neuf millions d’entrées.
La Fraise (Clovis Cornillac) et son fils Paulo (Artus) braquent une bijouterie, mais ont oublié un détail : ils ont stationné leur voiture sur une place réservée aux handicapés. Lorsqu’ils veulent s’y engouffrer pour prendre la fuite, elle a été mise en fourrière.
Une opportunité se présente. Un groupe d’handicapés monte dans un autocar, en partance pour un centre de vacances. L’un d’entre eux, Sylvain, manque à l’accueil. Paulo, devenu Sylvain, monte à bord, accompagné par La Fraise, renommé Orpi, jouant le rôle de son éducateur spécialisé.
Le lieu de vacances est une vieille maison isolée dans un magnifique paysage de collines et de prairies. Une dizaine de pensionnaires souffrant d’un handicap mental y sont accueillis et encadrés par trois éducateurs, dont la directrice, Alice (Alice Belaïdi). « Sylvain » parle le moins possible, feint d’être lui-même handicapé. Mais si la simulation fonctionne avec les encadrants, elle ne trompe pas les pensionnaires.
Ils ont un « petit truc en plus », une fantaisie, une capacité à se décaler, une façon d’exprimer sans filtre leurs émotions, comme le dit le réalisateur. Ils découvrent la supercherie et s’en servent comme un moyen de pression : « Sylvain » va ainsi être contraint par l’un de ses camarades de servir d’intermédiaire dans l’approche de la fille qu’il aimerait courtiser.
Le film a été snobé par la critique. Il a ainsi été noté 2/5 par Le Monde et par Télérama. Allociné rapporte au contraire une note de 4,5/5 par les spectateurs. Ce fossé entre les perceptions des uns et des autres renvoie au conflit entre « le peuple » et « les élites » plusieurs fois observé ces dernières années, en particulier pendant la crise des gilets jaunes.
Ni la mise en scène, ni le scénario ne sont « brillants ». Mais faire jouer des comédiens amateurs en situation de handicap mental était une idée vraiment originale, difficile à mettre en œuvre. Les mettre en scène dans une colonie de vacances baignée de soleil changeait de l’approche misérabiliste et apitoyée à laquelle on est habitué. Et on rit beaucoup, comme lorsque les pensionnaires agonisent d’injures – sans filtre – le propriétaire du gîte venu remettre les clés, et annoncer une augmentation du loyer.