Kurt K. est décédé vendredi dans le service de l’hôpital sécurisé et réservé aux prisonniers. Il avait ingéré mardi une massive quantité de médicaments.
Son procès d’assises devait débuter mercredi. Il était accusé d’enlèvement, de séquestration, de viol avec actes de torture et de barbarie sur la personne de sa patronne, une agricultrice chez qui il travaillait comme ouvrier.Un visiteur le rencontrait chaque semaine depuis son incarcération il y a deux ans. Cette rencontre ne put avoir lieu les deux jours précédant le procès : on l’avait changé de cellule, il était en cours de français… Aurait-elle changé le cours des choses ? C’est très peu probable, mais un doute minuscule subsiste.
La frustration est douloureuse. L’action publique s’éteint avec le décès de l’accusé, le procès n’aura pas lieu. L’accusé ne pourra plaider son innocence ; la victime est privée de la reconnaissance et de la sanction des actes commis. L’agresseur s’est soustrait à la justice ; justice ne sera pas rendue.
En évitant son procès, en se réfugiant depuis son arrestation dans le déni, Kurt a fui une épreuve qu’il savait terrifiante. Mais il a tourné le dos à l’opportunité de regarder sa vie en face, si douloureuse que soit la vérité. Il est mort englouti dans la confusion et peut-être la culpabilité, sans avoir entamé un chemin de rédemption. C’est un immense gâchis.