Le théâtre Molière de Bordeaux a programmé la pièce « Una hora con Frida Kahlo », mise en scène par Nicolas Delas et interprétée par Laurence Ruatti.
Le texte de la pièce n’est autre que le journal de Frida Kahlo (1907-1954). L’artiste évoque la poliomyélite qui l’a touchée alors qu’elle était petite fille. Elle parle des deux désastres de sa vie : l’accident d’autobus qui faillit lui coûter la vie à 18 ans et lui valut d’insupportables souffrances tout au long de sa vie, et sa rencontre avec le peintre Diego Rivera, aussi exaltante que toxique.
Par la bouche de Laurence Ruatti, Frida nous raconte comment elle est devenue peintre alors qu’elle se destinait à la médecine. La mort et la souffrance ne cessent de la hanter, elle n’en peut plus de la contrainte du corset qu’on lui a imposé pour pallier la fracture de sa colonne vertébrale. La peinture, sous la forme surtout d’autoportraits, la met à distance de son destin tragique, lui permet de composer avec lui.
Frida est-elle surréaliste ? Elle a rencontré André Breton et, dans une rare scène drôle de la pièce, dit l’aversion qu’il lui inspire. Pourtant, ses toiles donnent la part belle au rêve et à l’inconscient.
La mise en scène de Nicolas Delas est remarquable. Elle conjugue la déclamation, l’image, la danse, le chant. Le fond de scène est composé de bandes de tissu blanches qui constituent le seuil entre la lumière et les ténèbres, et aussi d’écran pour les images projetées.
Les images : des visages, des formes, des couleurs issus du plus profond de la culture mexicaine. Les sons : des chansons populaires mexicaines qui disent l’amour, la solitude, la perte.
Frida / Laurence Ruatti n’est pas seule en scène. Il y a aussi une silhouette grimée, vêtue d’une cape qui l’enveloppe comme la mort, qui protège et étouffe, qui invite à des pas de danse.
Ce spectacle est un merveilleux hommage à cette artiste, féministe, révolutionnaire. Le spectateur en sort ébranlé.