De mes passages professionnels à Porto, je gardais l’image d’une ville terne. Une noce et une flânerie de quelques heures m’ont convaincu du contraire : Porto a une âme.
Dans le centre d’interprétation installé dans la maison natale d’Henri le Navigateur, un panneau montre des visages d’habitants de Porto, avec autour de l’écran des qualificatifs que la ville s’attribue : cosmopolite, gothique, baroque, intense…
Nous prenons d’emblée la mesure du cosmopolitisme de Porto. La noce à laquelle nous assistons est célébrée dans l’église anglicane de la ville. Nous nous attendions à une chapelle. C’est dans une vaste église que nous pénétrons, dont l’architecture intérieure évoque le classicisme de St Martin in the Fields à Londres. La célébration de mariage utilise l’anglais et le portugais, mais aussi le français et l’espagnol. La frontière du Portugal est l’océan, c’est dire que le monde est son pays. Une importante communauté britannique vit là depuis des générations, fortement lié au commerce du vin de Porto.
L’église anglicane est si parfaitement entretenue qu’on sent la richesse affleurer, mais sans ostentation. Les églises catholiques baroques exposent sans retenue l’or et la puissance. On dit qu’il a fallu plus de 400kg d’or pour recouvrir les parois et les plafonds de l’église Saint-François, construite six siècles après que le saint éponyme ait fondé un ordre de frères mineurs et mendiants. Les sculptures de l’église Saint-François, un particulier l’extraordinaire bas-relief représentant l’Arbre de Jessé, constituent des réussites exceptionnelles de l’art du dix-huitième siècle. La célébration du triomphe de l’Église Catholique, à la veille de son déclin, fait bon ménage avec une vision doloriste, souffrante, torturée de la foi.
C’est de Villa Nova de Gaia, de l’autre côté du Douro, que l’on observe le plus beau panorama sur la ville de Porto. C’est là que les grandes maisons de Porto ont leurs caves, où elles entreposent et font vieillir le vin produit en amont du fleuve, en particulier dans la région de Pinhão. Dans la cave Sandeman, fondée par une famille anglaise, un petit musée a été installé.
Un remarquable musée d’art moderne, la Fondation Serralves, a été installé au milieu d’un parc. L’architecture a été conçue de manière à ce que les œuvres exposées baignent dans la lumière et ouvrent sur un paysage naturel. Trois artistes ont actuellement leurs œuvres exposées : le Britannique New-Yorkais d’adoption Liam Gillick (« Campanha »), l’Italien Giorgio Griffa (« Quasi tutto) et le Portugais Silvestre Pestana).
La salle des pas perdus de la gare de Porto, en plein centre-ville, est ornée de magnifiques azulejos qui évoquent des scènes glorieuses de l’histoire portugaise et l’essor des moyens de transport jusqu’au chemin de fer.