Utama, la terre oubliée

Dans « Utama, la terre oubliée », Alejandro Loayza Grisi emmène le spectateur sur les hauts-plateaux boliviens ravagés par la sécheresse.

Vriginio (José Calcina) et Sisa (Luisa Quispe) sont un couple de personnes âgées qui vivent – ou survivent – dans une chaumière isolée à quelques kilomètres d’un village sur des hauts-plateaux en Bolivie. Il veille sur un troupeau d’une quarantaine de lamas. Elle s’occupe de l’intendance, y compris d’aller chercher de l’eau, de plus en plus loin : les puits sont à sec.

Lorsque leur petit-fils Clever (Santos Choque) vient leur rendre visite, l’accueil est franchement glacial. N’aurait-il pas été envoyé en mission par son père pour les convaincre, une nouvelle fois, de s’installer avec eux en ville ? La communication est d’autant plus difficile que Clever ne parle pas quechua, la langue de ses grands-parents.

Clever n’est pas venu en mission. Il souhaite juste passer du temps avec ses « abuelos » (grands-parents), pressentant que de temps est compté. Il les accompagne dans la garde du troupeau et la corvée d’eau. Il participe avec eux au sacrifice rituel d’un lama, dont on mélange le sang à de l’eau prélevée en montagne pour obtenir qu’enfin, il pleuve.

Le temps, en effet, est compté. Virginio l’a caché à Sisa : il est gravement malade. Il va mourir. Comme le condor qui, sentant sa fin prochaine met ses dernières forces dans l’ascension de la montagne, replie ses pattes et ses ailes et se laisse tomber dans le précipice, il accepte l’imminence de sa mort et refuse l’hôpital.

Clever est témoin et acteur de ce moment critique. Il se prépare à être père pour la première fois. Comme souvent, l’apparition d’un humain coïncide avec la disparition d’un autre. Peu à peu, Virginio voit dans son petit-fils celui qui le prolongera, dans une vie différente de ce qu’aura été la sienne, mais dans une continuité d’âme.

Les acteurs qui incarnent Virginio et Sisa ne sont pas professionnels. Ils sont mari et femme dans la vraie vie, et leur amour mutuel, dans la grande vieillesse, crève l’écran.

Les images sont sublimes. La bande-son de Cergio Prudencio rend actuelles  les sonorités traditionnelles de la Bolivie et contribue à l’atmosphère quasiment mystique du film.

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