Dans « vers un avenir radieux », Nanni Moretti propose au spectateur un hommage à la magie du cinéma, capable de les emmener, à sa guise, du désespoir à la joie partagée.
Gianni (Nanni Moretti) est réalisateur de cinéma. Il tourne un film d’époque. En 1956, la cellule locale du Parti Communiste Italien reçoit un cirque venu d’un pays frère, la Hongrie. Son arrivée coïncide avec la révolution populaire à Budapest, suivie par l’intervention sanglante de l’armée soviétique.
Les artistes du cirque se mettent en grève par solidarité avec le peuple hongrois réprimé. Une majorité de membres de la cellule prennent fait et cause pour le mouvement et réclame du Parti qu’il rompe avec l’Union Soviétique. Pour Ennio (Silvio Orlando), le secrétaire de la cellule, la situation est insoutenable. Dans la dernière scène du film, il est prévu qu’il se pende.
Gianni accumule les revers. Son producteur, Pierre (Mathieu Amalric) fait faillite et il n’y a plus rien en caisse pour payer les acteurs et nourrir les animaux du cirque. Sa femme Paola (Margherita Buy), qui depuis longtemps a décidé de le quitter, franchit le pas. Sa fille Vera (Barbora Bobulova) part vivre avec son amoureux, l’ambassadeur de Pologne (Jerzy Stuhr), de trente ans son aîné.
Giovanni devient sombre et colérique. Ses proches craignent qu’il commette le suicide, comme son personnage Ennio. Magie du cinéma : pourquoi ne pas changer la dernière scène ? Tout au long du tournage, il a modifié la réalité historique, par exemple les titres du journal communiste l’Unità, tout en réprimandant un assistant qui persistait à laisser traîner sur le plateau son téléphone portable. Pourquoi ne pas imaginer que le PCI se range du côté des rebelles hongrois ?
« Vers un avenir radieux » est un film subtil et drôle. Un assistant du réalisateur ne peut imaginer qu’il y eut 2 millions de communistes en Italie dans les années 1950 : 2 millions d’immigrés russes ? Giovanni et Paola sont invités par leur fille à dîner avec leur fiancé. Où est votre fils ? demandent-ils à l’ambassadeur. Je n’ai pas de fils, répond-il à ses futurs beaux-parents interloqués.
Il y a aussi des scènes mémorables. Giovanni travaille déjà à un second film, qui aura pour thème l’amour lié à des chansons italiennes. Il souffle leurs répliques à deux amoureux au bord de la rupture, et il semble que c’est son propre destin qu’il raconte.