Le vol de jour de La Réunion à Paris traverse, à 10.000 mètres d’altitude, l’Océan Indien, des espaces arides, la bande fertile du Nil, la mer Méditerranée, l’Italie et les Alpes.
Dans la cabine, une routine s’installe : les repas que sert le personnel, le film que l’on regarde sur l’écran vidéo, le livre qu’on a apporté, les minutes de sommeil qu’on parvient à grappiller. À La Réunion, le maître-mot est « continuité territoriale ». On voyage de la France australe à la France métropolitaine. La subvention aux voyages, qui concernait les Réunionnais vivant sur l’île vient d’être étendue aux Réunionnais vivant en métropole.
À bord, on est « hors-sol », en transition entre un ailleurs qui dépayse tout en restant familier, et son chez-soi lourd de contraintes mais aussi rassurant.
On peut suivre sur l’écran vidéo la position géographique de l’appareil. On se trouve à 10 kilomètres seulement de l’équipage d’un cargo qui croise au large de Madagascar, de paysans somaliens ou éthiopiens, de combattants soudanais. On survole d’immenses espaces désertiques, parfois séparés par une piste rectiligne ou troués par les disques végétaux rendus possibles par l’irrigation circulaire.
Du hublot, on aperçoit le long ruban du Nil. Soudain, c’est une large bande bleue qui se détache de la masse jaune du désert. Le système de bord indique que nous traversons le lac Nasser et que nous survolons Abu Simbel. On pense aux Pharaons, ceux d’hier et d’aujourd’hui.
L’appareil survole la Libye, une autre zone de guerre. Voici la Méditerranée, le sud du Péloponnèse, la Calabre. Près de Milan, je reconnais l’aéroport de Malpensa, que j’ai assidûment fréquenté autrefois. Je reconnecte peu à peu avec mon monde. Nous survolons les Alpes, dont les neiges sont caressées par un soleil oblique.
Personnel Navigant Commercial, préparez-vous à l’atterrissage.