Voyage à Chypre du nord

Dans cet article, je propose quelques premières impressions d’un voyage touristique à Chypre du nord.

Le vol charter depuis l’aéroport Charles de Gaulle est presque complet. Les passagers, dont la moyenne d’âge doit avoisiner les 75 ans, ont été de bonne composition : Ils ont attendu 90 minutes debout aux guichets d’enregistrement, puis 30 minutes debout dans le Cobus. Une touriste a fait un malaise et a été secouru par un pompier de l’aéroport.

Dans l’autocar qui nous mène à l’hôtel (cinq étoiles – normes locales), un esprit spirituel parle de notre groupe comme d’un EHPAD monté sur roulettes. Il exagère : celles et ceux qui, malgré l’arthrose, ont choisi ce voyage font preuve d’un courage à toute épreuve.

L’église et la mosquée de Didkarmaz

À Paris, nous avons été enregistrés, nous et nos bagages, jusqu’à Antalya en Turquie. Nous sommes restés à bord à Antalya et l’avion a redécollé jusqu’à l’aéroport d’Ercan, près de Nicosie, dans la partie nord de l’île. La République de Chypre du nord n’est pas reconnue par la communauté internationale. Vu de Paris, l’aéroport d’Ercan n’existe virtuellement pas. C’est par une ruse du destin que nous y avons atterri.

L’île a été coupée en une zone sud (Grecque) et une zone nord (Turque) en 1974 à la suite d’un coup d’état de l’extrême droite chypriote grecque et une intervention de l’armée turque. Des dizaines de milliers de réfugiés passèrent d’une zone à l’autre, aboutissant à une homogénéisation ethnique de chacune des deux zones. En 2003, un référendum sur la réunification de l’île sous le patronage de l’ONU donna une majorité de oui au nord et de non au sud.

On ne perçoit pas de signe de tension entre les deux parties de l’île. L’une (la République de Chypre) est membre de l’Union européenne et de la zone euro ; l’autre vit en étroite relation avec la Turquie, jusqu’à la fourniture d’une partie de son eau potable par pipe-line depuis le continent. Mais on ne constate pas de déploiement de troupes. Et à Nicosie, capitale elle-même partagée comme le fut Berlin, le passage des piétons au check-point est aisé.

Checkpoint à Nicosie

Hormis une brève incursion dans la partie grecque de Nicosie, c’est donc dans la zone turque de Chypre que se déroule notre voyage. Le village de Didkarmaz est emblématique de la situation actuelle. Deux édifices religieux se côtoient : l’église orthodoxe et la mosquée. L’église est ancienne, elle a été récemment restaurée, mais elle est fermée au public. La mosquée a été construite en 1992 et elle s’ouvre bien volontiers à notre groupe de curieux.

Ce qui frappe, c’est la frénésie de construction. D’immenses complexes touristiques, semblables au Benidorm espagnol, sont en construction sur la côte est de l’île, au nord de Famagouste, mais leur édification semble en suspens et ils n’apparaissent même pas connectés au littoral, comme si aucun plan d’urbanisme ne les avait organisés.

L’urbanisation semble chaotique, on a du mal à percevoir un véritable centre urbain, hormis les villes anciennes comme Nicosie ou Famagouste ceintes de murailles. Les passages piétons semblent absents. Des maisons sont construites au milieu de nulle part, dans la campagne. Elles sont toujours couvertes par un chauffe-eau solaire, mais sont rarement achevées : des tiges métalliques attendent de supporter un étage additionnel.

Les sites touristiques attestent de l’histoire bouleversée de l’île : les Romains (Salamine), les premiers chrétiens et les Byzantins (Monastères Saint Barnabé et Saint-André), les  Croisés (Famagouste), les Vénitiens (Nicosie), les Anglais (l’architecture coloniale et la conduite à gauche, partout dans l’île).

Ces impressions ont été écrites au troisième jour de notre voyage. Peut-être seront-elles démenties à la fin de la seconde semaine ? Suspense…

Salamine

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