Dans « Wahou ! », Bruno Podalydès réalise une comédie subtile sur le métier d’agent (conseiller !) immobilier.
Dans une petite ville d’Île de France, Oracio (Bruno Podalydès) et Madame Bourballe (Karine Viard) tentent, sous la marque de leur agence « Wahou ! » de vendre une vieille maison du dix-neuvième siècle et un appartement neuf en cours de finition.
« On est sur quelque chose d’unique, boiseries d’époque, grands volumes, sequoia centenaire », vante Oracio aux visiteurs. Ceux-ci découvriront plus tard la toiture à refaire, la terrasse sans garde-corps, le transilien qui passe dans une tranchée au fond du jardin.
Un ensemble de musiciens emmené par Josepha (Agnès Jaoui) visite la maison. Ils ne sont d’accord sur rien. C’est comme un explosif, le groupe se disloque. Anabelle (Isabelle Candelier) a le coup de foudre pour cet endroit. Mais son mari Gérard (Patrick Ligardes) est si insolent que Simon (Eddy Mitchell), le propriétaire, les met à la porte en hurlant. Annabelle et Sylvette (Sabine Azéma) s’épanchent sur leurs difficultés conjugales.
L’appartement dans le soi-disant « triangle d’or » de cette commune de banlieue est prêt à livrer. Son décor blanc et vide favorise les épanchements. La conseillère immobilière est en proie à une crise de larmes lorsqu’elle se souvient de son compagnon récemment décédé. Une cliente visite l’appartement pour vivre avec sa mère et se désole pour sa vie ratée. Le peintre qui achève de recouvrir en jaune le futur mur de la cuisine ne se prive pas de glisser des remarques sur le boniment de Madame Bourballe.
Le film de Bruno Podalydès traite sur le mode de la comédie un moment crucial de la vie. Celui où l’on se résout à vendre un lieu qui emporte avec lui toute une vie, avec ses joies et ses chagrins. Celui où l’on construit un avenir, et où on se rend compte de la fragilité de la construction de son couple ou de sa propre personnalité.
Les comédiens sont remarquables, à commencer bien sûr par Karin Viard et Bruno Podalydès, avec une mention particulière pour Sabine Azéma et Eddy Mitchell, dont les personnages résistent vaille que vaille à la tourmente que représente la vente de leur nid d’amour.
J’aime le cinéma de Bruno Podalydès, toujours sur le ton de la comédie, mais mettant en scène des problématiques profondes. J’avais ainsi été séduit par « banc public » et « comme un avion ». « Wahou ! » est de la même veine. Je m’en suis régalé.
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