CinémaSociété23 juin 20240XXI, le sport des solutions

Dans son film documentaire « XXI, le sport des solutions », disponible sur YouTube, David Blough nous fait rencontrer des responsables d’associations qui font du sport un outil d’intégration au Brésil, en France, au Sénégal, en Allemagne et en Afrique du Sud.

Dans le quartier populaire de Caju, dans la banlieue de Rio de Janeiro, l’association Gol de Letra a pour but de montrer à des enfants en grande difficulté qu’ils ont des capacités et de leur offrir des opportunités. L’association applique une méthode fondée sur la pratique du sport et des conversations avec les enfants. Une partie d’entre eux deviendront eux-mêmes moniteurs, ce qui garantit que l’encadrement parle le même langage qu’eux.

Dans le quartier de la Goutte d’Or, à Paris, l’association « les enfants de la Goutte d’Or » considère le sport comme une porte dérobée donnant accès à autre chose, permettant aux jeunes de se développer harmonieusement les uns avec les autres. Une attention particulière est portée à la pratique du sport par les filles, à égalité avec les garçons.

À Thiès, non loin de Dakar, l’association « pour le sourire d’un enfant » travaille à la réinsertion d’enfants délinquants par la pratique de l’escrime. Un film de Niels Tavernier a aussi raconté son expérience.

Fribourg est une ville allemande où la bicyclette est vraiment « la petite reine », occupant une place prépondérante ans les déplacements urbains. En 2015, en pleine crise des migrants, trois étudiantes ont créé l’association Bike bridge. « Les femmes migrantes ne sortaient pas des centres d’accueil, étaient très isolées, ne nouaient pas de lien avec les populations locales, dit David Blough dans une interview. Ces étudiantes ont donc décidé d’apprendre à ces femmes, qui venaient souvent de pays où elles n’avaient pas le droit de le pratiquer, à faire du vélo, important moyen de locomotion à Fribourg. Le but était de leur permettre de se déplacer, mais aussi de nouer des liens avec les bénévoles de l’association. Très vite, cet apprentissage du vélo s’est agrémenté de moment de discussions et de cours d’apprentissage de la langue allemande, pour permettre à ces femmes de mieux s’intégrer dans leur pays d’accueil. »

 

Enfin, le réalisateur emmène le spectateur sur la plage de Nuizenberg, un site réservé aux blancs du temps de l’apartheid. L’association « Waves for change » s’intéresse à des jeunes d’une township voisine, Masiphumeleke, souffrant d’une pathologie mentale. Elle les héberge pendant 10 mois et leur propose de pratiquer le surf selon un protocole strictement défini où se succèdent une phase de transmission d’énergie, de respiration, d’immersion puis de parole. Les moniteurs sont eux-mêmes d’anciens stagiaires.

D’une durée d’une heure, le documentaire met en relief l’importance de mettre, face aux enfants et aux jeunes, des adultes parlant leur langage, qu’ils puissent admirer, qui soient capables de les écouter, de valoriser leur potentiel et de leur donner confiance.

On relève aussi l’intérêt de mettre en place un protocole, voire des rites à respecter. On le voit bien dans l’académie d’escrime de Thiès, mais aussi à Nuisenberg, où les apprentis-surfeurs ne se mettent pas à l’eau sans avoir traversé des étapes préparatoires.

Enfin, toutes ces expériences recréent une « famille ». C’est très sensible lorsque des jeunes femmes de la Goutte d’Or suent sang et eau ensemble sur les marches de Montmartre, ou lorsque les réfugiées de Fribourg fêtent leur apprentissage réussi de la bicyclette.

 

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