Cinéma7 avril 20210Coup de torchon

France 5 a récemment diffusé « Coup de torchon », film réalisé en 1981 par Bertrand Tavernier, en hommage au réalisateur.

 En 1938, Lucien Cordier (Philippe Noiret) est le policier d’un village de brousse de l’Afrique Occidentale Française. Il est méprisé par sa femme Huguette (Stéphane Audran), qui a ouvertement une relation incestueuse avec son frère Nono (Eddy Mitchell), un grand benêt un peu demeuré. Il est traité plus bas que terre par les blancs du village, en particulier par le proxénète Le Péron (Jean-Pierre Marielle).

 Cordier ne trouve de réconfort qu’auprès de sa maîtresse, Rose (Isabelle Huppert). Mais il est profondément écœuré par ce qu’il observe. Le film s’ouvre par une séquence où il observe des enfants affamés et grelotant de froid : pour eux, il allume un feu. Il se transformera en justicier, Jésus-Christ à Boukassa-Oubangui.

Le paresseux stupide et minable se transforme en un assassin pervers. Il se débarrasse du mari de Rose et attribue le meurtre à un supplétif noir, qu’il assassine. Il tue les proxénètes en leur faisant cyniquement chanter « Katarina Tchic Thic » avant d’appuyer sur la gâchette du fusil. Charasson (Guy Marchand), qui s’est vanté publiquement d’avoir « réglé leur compte » aux deux hommes, aura du mal à prouver son innocence. Il manipule Rose, Huguette et Nono, de sorte que Rose tue les deux autres et doive quitter la colonie.

 Philippe Noiret joue un personnage diabolique, mélange de naïveté, d’illumination quasi mystique et de jouissance cynique. Il dira lors de la sortie du film : « nos personnages étaient des espèces d’animaux qui se sautaient les uns sur les autres, qui faisaient l’amour, qui mangeaient, se dissimulaient, mentaient. »

 Seule l’institutrice, Anne (Irène Skobline) échappe à la dégénérescence et à l’immoralité qui caractérisent le microcosme blanc du village. La dernière séquence du film, comme la première, montre Lucien Cordier en train d’observer des enfants. Ils sont réduits à la misère par l’oppression coloniale. Le déferlement de violence dont le policier est l’instrument devient une allégorie de la violence dont souffre le peuple colonisé.

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